
Le pape Léon XIV a considéré comme un "échec collectif" le fait de laisser des millions d'êtres humains vivre et mourir victimes de la faim dans le monde, lors d'un discours ce jeudi au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation.
"À l'heure où la science a prolongé l'espérance de vie, où la technologie a rapproché les continents (...), permettre à des millions d'êtres humains de vivre – et de mourir – victimes de la faim est un échec collectif, une aberration éthique, un péché historique", a souligné le pape américain à l'occasion des 80 ans de la FAO et de la journée mondiale de l'alimentation, ce jeudi.
"673 millions de personnes dans le monde se couchent sans manger", a ajouté Léon XIV, y voyant "le signe évident d'une insensibilité ambiante, d'une économie sans âme" et "d'un système de répartition des ressources injuste et insoutenable".
Dans un rapport publié mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM), qui dépend également des Nations Unies, a alerté sur le fait que la faim dans le monde avait "atteint des niveaux records", avec 319 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dont 44 millions en urgence alimentaire.
Le pape a également vertement critiqué la persistance de l'utilisation, dans les conflits actuels, de la nourriture comme arme de guerre, une "stratégie cruelle" alors que "le droit international humanitaire interdit, sans exception, les attaques contre les civils et les biens essentiels à la survie des populations".
L'ONU a officiellement déclaré l'état de famine dans la bande de Gaza plus tôt cette année et le PAM considère dans son rapport que le nombre de personnes "en situation de famine ou au bord du gouffre" a doublé en seulement deux ans pour atteindre 1,4 million dans cinq pays : Palestine, Soudan, Soudan du Sud, Yémen et Mali.
Lançant un vibrant appel au pragmatisme, Léon XIV a estimé que mettre fin aux "fléaux" de la faim et de la malnutrition n'était pas "la seule responsabilité des hommes d'affaires, des fonctionnaires ou des décideurs politiques" mais le "combat de tous": "agences internationales, gouvernements, institutions publiques, ONG, universitaires et société civile".
Nous devons "redoubler de responsabilité individuelle et collective, en nous réveillant de la léthargie fatale dans laquelle nous sommes plongés", a lancé le pape.
"Atteindre l'objectif d'une 'faim zéro' ne sera possible qu'avec une réelle volonté, et pas seulement avec des déclarations solennelles", a insisté Robert Francis Prevost, soulignant le "rôle indispensable" des femmes dans ce combat ainsi que la nécessité d'écouter la voix des pays les plus pauvres.
La Rédaction (avec AFP)