A la COP28, les religions ont leur pavillon

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Méditation, accompagnement spirituel, hymnes indigènes: à la COP28 qui se déroule à Dubaï, l'ambiance du "pavillon de la foi" tranche avec celle des pourparlers parfois tendus sur le climat.

C'est la première fois qu'un tel espace est consacré aux religions dans une COP. Un havre de calme, doté de l'air conditionné, où se côtoient popes, Emiratis en longues robes blanches et rabbins.

Le pavillon, abrité dans un bâtiment tout en triangles et verre teinté, ofre un refuge propice à la réflexion et la tranquillité au milieu des négociations frénétiques et des présentations commerciales tapageuses.

Et il propose aussi quelque chose qui manque cruellement à la COP : l'unité et l'optimisme.

"Ceci témoigne de la volonté de travailler ensemble", a déclaré le pape François dans un message enregistré en vidéo pour l'inauguration du pavillon le 3 décembre, dans un appel commun à l'action avec Ahmed al-Tayeb, grand imam d'Al-Azhar - la plus haute instance de l'islam sunnite qui a son siège au Caire.

"Aujourd'hui, le monde a besoin d'alliances qui ne soient pas contre quelqu'un mais en faveur de tous", a-t-il ajouté.

Invités à penser au rôle de la foi religieuse face aux défis du réchaufement climatique, les visiteurs du pavillon peuvent rejoindre des sessions quotidiennes de "relaxation rituelle" ou parler avec divers responsables religieux dans un salon.

"Pour un monde plus juste et plus durable", a écrit l'un de ces visiteurs sur un arbre en papier épinglé sur un mur du pavillon, avec d'autres messages de solidarité et d'espoir.

Crise spirituelle

Plus de 300 responsables des principales religions du monde ainsi que de cultes traditionnels sont attendus au pavillon durant les deux semaines de la conférence.

En près de trente ans de négociations mondiales sur le climat, les religions disposent ainsi de leur propre lieu pour la première fois, très bien situé au coeur de l'énorme complexe accueillant la conférence.

Cette COP est la plus grande à ce jour, avec des milliers de personnes accueillies quotidiennement pour assister à des réunions, des expositions ou simplement acheter une glace à l'entrée.

L'expérience peut être épuisante et les responsables religieux espèrent que les participants, quelle que soit leur foi, adopteront le pavillon pour jouir d'un moment de répit au milieu des marchandages, de la chaleur et de l'anxiété sur l'avenir de la planète.

Jusqu'ici, les sessions quotidiennes de méditation ont drainé peu de monde mais cela pourrait changer au fur et à mesure que les négociations s'intensifient, pensent-ils.

La Panaméenne Jocabed Solano, chrétienne qui appartient au peuple Kuna, est venue interpréter un chant spirituel indien qui appelle au respect et à la protection de la planète.

"Il ne s'agit pas seulement de la crise du climat, c'est aussi une crise de la spiritualité", dit-elle à l'AFP.

Bâtir des ponts

Ses responsables confient que le pavillon espère un accord ambitieux pour limiter le réchaufement de la planète et assurer une aide financière aux plus pauvres victimes du changement climatique.

Des religieux proposent un soutien moral et pastoral aux diplomates qui travaillent jour et nuit à un accord et, pour la première fois, des représentants des diverses religions assistent aux sessions formelles de négociations.

"Nous voulons apporter cette compréhension spirituelle au processus de décision", explique à l'AFP Iyad Abumoghli, directeur de Faith for Earth (Foi pour la terre), une initiative du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Dans le pavillon, des panneaux explorent des thèmes dificiles liés au changement climatique comme la perte de son pays d'origine, l'exploitation minière en Afrique ou l'investissement éthiquement responsable. Parmi les orateurs invités figurent des ministres, des universitaires et des hommes d'afaires.

Un sommet interreligieux à Abou Dhabi avait lancé en novembre un appel à réduire les énergies fossiles en vue d'en sortir, une question controversée dans cette conférence présidée par Sultan Al Jaber, également patron de la compagnie pétrolière émiratie, Adnoc.

Le pavillon cherche à promouvoir la confiance - élément vital pour chaque COP - entre scientifiques et communautés religieuses. "Je sais que tout est une question de science", dit à l'AFP Mohamed Bahr du Conseil musulman des anciens, fondation créée à Abou Dhabi pour promouvoir la paix. "Nous essayons ici de bâtir des ponts entre science et foi".

La Rédaction 

Crédit image : Shutterstock / DOERS

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