Abus sexuels : Les victimes du père Ribes dénoncent les « manquements » de l’Eglise et réclament de la « compassion »

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Un collectif de victimes du père Ribes, un prêtre peintre décédé en 1994 accusé d’agressions sexuelles sur des enfants durant les années 1970-80, a dénoncé vendredi les « manquements » de l’Eglise à l’heure de procéder aux réparations financières ou psychologiques, réclamant de la « compassion ».

Surnommé parfois « le Picasso des églises », pour ses talents de peintre, Louis Ribes a exercé dans les trois diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Vienne. Ses agressions sexuelles, révélées en janvier par Marianne, avaient été confirmées par ces trois institutions.

Mais, « alors que l’Eglise investit beaucoup dans sa communication pour garder une belle image », « qu’attend-elle pour nous réparer? On risque d’attendre longtemps, peut-être même y aura-t-il des suicides... », a lancé Luc Gemet, 58 ans, l’un des responsables de ce collectif, lors d’une conférence de presse à Lyon.

Le collectif pointe notamment la complexité des démarches pour obtenir des indemnisations ou la prise en charge rapide des victimes nécessitant certains soins, et plus généralement un manque de « compassion » pour ces dernières.

Concernant les réparations financières, l’avocat sollicité par les victimes, Me Jean Sannier, a dénoncé le « bricolage » des deux instances en charge - la Commission reconnaissance et réparation (CRR) et l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIIR) - dans la fixation des montants. Elles chercheraient selon lui « exclusivement à protéger les finances de l’Eglise ». L’Eglise « a les moyens, elle peut et doit payer », a réclamé M. Gemet.

Ce collectif affirme représenter 25 victimes, « mais il y en a beaucoup plus, peut-être 300 », alors que 49 se sont aujourd’hui officiellement manifestées auprès de la Commission sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique (Ciase).

« Il faut dénoncer les manquements de l’institution église à combattre les abus et crimes sexuels commis », a renchéri Annick Moulin, autre membre du collectif.

A l’appui de leur démarche, une série de dix « revendications », parmi lesquelles « la réparation à hauteur des crimes commis », la reconnaissance par l’Eglise de leur « caractère systémique », « l’imprescribilité des crimes contre les mineurs » ou la « désinscription des oeuvres du père Ribes au titre des monuments historiques ».

Plusieurs de ses fresques et vitraux ornaient des églises de la région, que le diocèse a fait retirer discrètement. Il possédait aussi une vaste collections de photos et de croquis d’enfants nus, comme ceux dévoilés vendredi par M. Gemet, « reçus de la famille du père Ribes » après l’article dans Marianne.

Toujours après la parution dans Marianne, M. Gemet a reçu une lettre d’un ancien séminariste ayant cotoyé le père Ribes en 1976, lue vendredi. Celui-ci s’y dit « sidéré » d’avoir trouvé des photos d’enfants nus et averti sa hiérarchie, en vain.

La rédaction (avec AFP)

Crédit image : THOMAS COEX / POOL/ AFP

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