Affaire du cardinal Ricard: la justice enquête, l’épiscopat nie toute dissimulation

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La révélation d’un nouveau scandale d’agression sexuelle dans l’Eglise catholique, avouée par le cardinal Ricard, continue de provoquer une onde de choc : la justice a ouvert une enquête tandis que les évêques ont annoncé à Lourdes une mesure d’aide à la gestion des affaires.

Figure de l’Eglise de France, le cardinal Jean-Pierre Ricard a créé la stupeur en avouant, via un message lu lundi par le président de l’épiscopat à l’assemblée plénière de Lourdes, avoir eu, lorsqu’il était curé à Marseille il y a 35 ans, une conduite « répréhensible avec une jeune fille de 14 ans ».

Le parquet de Marseille a ordonné une enquête préliminaire pour « agression sexuelle aggravée afin de vérifier dans un premier temps la nature exacte des faits dénoncés ainsi que leur datation et faire entendre l’ensemble des personnes ayant reçu des confidences ainsi que la personne qui en aurait été victime ».

Selon la justice marseillaise, l’évêque de Nice André Marceau - aujourd’hui à la retraite - a été saisi du cas du cardinal en février. C’est son successeur Jean-Philippe Nault qui récupère le dossier à son arrivée en mars et qui fait un signalement à la justice le 24 octobre. Selon le parquet, Mgr Ricard aurait confié avoir « embrassé » l’adolescente.

Ancien archevêque de Bordeaux, cet ecclésiastique est parti à la retraite en 2019 mais reste électeur en cas de conclave.

A Lourdes, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), a indiqué avoir été mis au courant de cette affaire lui aussi dès février, mais a nié toute dissimulation des informations. Eric de Moulins-Beaufort a assuré avoir eu « un travail continu » avec la victime permettant d’aboutir à l’aveu du prélat, a-t-il dit à la presse à l’issue de l’assemblée plénière de son institution.

« J’aimerais bien que tous ceux qui parmi nous se sont rendus coupables d’actes » de ce genre « se fassent connaître d’eux-mêmes », a-t-il dit.

« Nous sommes conscients que ces révélations affectent douloureusement les personnes victimes », ont écrit les évêques dans une lettre pastorale, disant aussi comprendre « l’ébranlement de nombreux fidèles ». Ils ont encore dit entendre « la stupéfaction », « la colère » notamment « suscités » par cette affaire ainsi que celle de Michel Santier.

Cet ancien évêque de Créteil a été sanctionné en 2021 par les autorités du Vatican pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme » sur deux personnes majeures dans les années 1990. Le silence autour de sa sanction a provoqué ces dernières semaines une vive colère chez les catholiques et les collectifs de victimes.

Mise en place d’un comité de suivi

Principale mesure prise par les évêques : la constitution d' »un comité de suivi auquel tout archevêque ou évêque ayant à traiter du cas d’un autre évêque pour des abus ou agressions sexuelles se référera afin d’être accompagné dans toutes les étapes de la procédure ».

Il sera « présidé par une personnalité qualifiée et reconnue et composé de personnes aux compétences diverses » nommées par la CEF, a précisé cette dernière.

Des actions auprès des services du Vatican concernés sont aussi prévues pour « préciser les procédures, établir des critères plus précis quant à la publication des faits et des sanctions ».

Les évêques ont par ailleurs voté les statuts définitifs d’un Tribunal pénal national canonique, une structure inédite en France, « opérationnelle en décembre », qui devra régler les affaires pénales canoniques (du droit de l’Eglise), par exemple les violences sexuelles sur personnes majeures.

Ils ont également « réfléchi » à la mise en place d’un celebret, sorte de carte d’identité professionnelle, dont les données seront mises à jour régulièrement, qui indiquera la faculté du prêtre à faire des célébrations ou non.

Interrogé, le collectif de fidèles Agir pour notre Eglise a salué « une bonne chose » dans la mise en place du « comité de suivi », même s’il y a « peu d’autres mesures concrètes ». Il s’est félicité d’une « prise de conscience des évêques de la nécessité d’être transparent ».

Le comité est une mesure « cosmétique », a au contraire estimé Christine Pedotti, directrice de Témoignage chrétien, regrettant que pas un seul évêque ne démissionne.

Lundi, la CEF avait révélé que dix anciens évêques avaient affaire ou avaient eu affaire à la justice - « huit mis en cause pour abus » (dont Mgr Ricard et Mgr Santier) et deux « pour non dénonciation ».

La Rédaction (avec AFP)

Image : Wikimedia | CC BY-SA 3.0

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