Allemagne : une performance artistique dans une cathédrale, mettant en scène des poulets morts, suscite l'indignation des fidèles

Pour célébrer le 1250 e anniversaire de la région Westphalie en Allemagne, des danseurs ont réalisé une "performance artistique" dans la cathédrale de Paderborn, dans l’ouest de l’Allemagne. Les trois danseurs ont bercé des poulets morts portant des couches avant de les jeter en l’air. Le chapitre de la cathédrale a présenté ses excuses, après l’indignation des fidèles fréquentant cette paroisse.
La scène semble irréelle. Ce vendredi 15 mai, le chœur de la magnifique cathédrale du XIe siècle accueille trois danseurs. L’occasion est solennelle : le 1250 e anniversaire de la région Westphalie, fondée en 775. L’hommage a été rendu par une danse de poulets morts en couche sur un remix de "Life is life".
Parmi les invités se tiennent le président allemand Frank-Walter Steinmeier, l’archevêque de Paderborn Mgr Udo Markus Bentz, et de nombreuses autorités civiles et religieuses, pour un moment digne et émouvant.
C’était sans compter l’ingéniosité du chapitre de la cathédrale de Paderborn, qui avait invité l'ensemble de danse "Bodytalk". Deux hommes torse nu et une femme portant un haut blanc moulant et sans manches ont sorti des poulets prêts à cuire d'un plat en métal devant l'autel de la cathédrale.
Tandis que deux d’entre eux s’amusent à faire marcher leur poulet mort, à le mettre sur leurs épaules ou à danser avec, le troisième entonne le chant "Life is Life", en changeant les paroles en "La viande c’est de la viande", relate The Pillar.
Sur fond de pépiements d’oiseaux enregistrés, la chorégraphie accélère. Chaque danseur joue avec son poulet mort jusqu’à le lancer dans les airs, avant le salut final sous les applaudissements.
Selon Die Tagepost, "l'archevêque Mgr Bentz, ainsi que de nombreux invités et représentants des médias locaux, auraient été véritablement consternés par la représentation de l'ensemble". Une indignation qui a poussé certains à rédiger une pétition parlant même de profanation. Les plus de 20 000 signataires exigent une condamnation claire de l’archevêque présent lors de la scène.
De son côté, le groupe de danseurs défend une performance engagée sur le bien-être animal et l’industrie de la viande dans une région traditionnellement très agricole.
Dix jours plus tard, le chapitre de la cathédrale, les organisateurs de l’événement ont exprimé leur "regret sincère" que le spectacle de l'ensemble de danse Bodytalk ait "offensé les sentiments religieux".
"Un tel effet n'a jamais été voulu et ne correspond pas à ce que nous attendons de ce lieu qui a une signification religieuse, historique et culturelle particulière", a déclaré le chapitre, habitué aux scandales. En 2023, le chapitre avait installé une pancarte à côté des tombes de deux cardinaux pour critiquer leur gestion des cas d'abus.
Il ne s’agit pas de la première "performance artistique" douteuse en Allemagne. La "voie synodale", une initiative pluriannuelle de l'Église allemande s'est achevée en 2023 par un spectacle de danse contemporaine à la cathédrale de Francfort décrivant la crise des abus.
L'événement mettait en scène des danseurs vêtus de noir et portant des masques blancs qui s'étiraient sur des rubans noirs, que certains avaient dénoncés comme "sataniste".
Germain Gratien