Alors que l’antisémitisme croît, New York va donner à une rue le nom de l’antisémite Elijah Muhammad

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À l’opposé du pasteur baptiste Martin Luther King, Elijah Muhammad ne souhaitait pas l’harmonie entre les Blancs et les Noirs. L’ancien chef de la Nation of Islam était un suprémaciste noir, connu pour sa haine des Blancs et des Juifs et avoir recherché l’appui du Parti nazi américain. La mairie de New York vient de l’honorer en attribuant son nom à une rue, alors que l’antisémitisme ne cesse de se développer aux États-Unis.

Le 16 février dernier, le conseil municipal de New York a adopté un projet de loi pour nommer 129 endroits publics en hommage à diverses personnalités. Le texte n’aurait suscité aucune controverse s’il n’avait mentionné Elijah Muhammad, dont l’antisémitisme, la haine des Blancs et la violence sont impossibles à ignorer. Le chef de Nation of Islam décédé en 1975 est même accusé d’avoir favorisé par sa rhétorique l’assassinat de Malcom X, dissident du mouvement, 10 ans auparavant. Désormais l’intersection de la West 127th Street et du Malcom X Boulevard sera nommée "The Most Honorable Elijah Muhammad Way". Malcom X a longtemps prêché dans la mosquée qui s’y trouve. Un policier y avait été tué par des membres de Nation of Islam en 1972, alors qu’il répondait à un appel d’urgence à la mosquée, tombant ainsi dans un piège.

Elijah Muhammad, un "Adolf Hitler" selon le Parti nazi américain

La conseillère municipale à l’origine du projet, la démocrate de Harlem Kristin Richardson Jordan n’y voit qu’une justice tardive rendue au leader suprémaciste noir qui qualifiait les Blancs de "démons aux yeux bleus". "Il est inacceptable d’effacer les dirigeants noirs qui ne plaisent pas aux Blancs", a-t-elle déclaré lors du vote.

Parmi les principes de Nation of Islam figure l’interdiction des relations interraciales. Cette haine des Blancs n’empêcha toutefois pas son chef d’inviter George Lincoln Rockwell, le dirigeant du Parti nazi, à sa convention du Saviour’s Day (Journée du Sauveur) en 1962. Rockwell le complimenta en l’appelant "l’Adolf Hitler de l’homme noir".

L’Anti-Defamation League rappelle (ADL) que Nation of Islam a "maintenu un bilan constant d’antisémitisme et de sectarisme depuis sa fondation dans les années 1930 [et qu’elle] s’investit dans la diabolisation et les théories conspirationnistes quant à la nature biologique des Blancs dépeints comme sataniques, sous-humains et intrinsèquement inférieurs aux Noirs." Elijah Muhammad ne haïssait pas moins les Juifs qu’il qualifiait de "cupides" et qu’il accusait d’avoir livré le Christ aux autorités.

Le Southern Poverty Law Center, une association souvent complaisante envers les mouvements progressistes intolérants, a lui-même dénoncé l’antisémitisme de Nation of Islam, rappelant que Louis Farrakhan, successeur d’Elijah Muhammad avait qualifié Hitler de "très grand homme" et le judaïsme de "religion sale", et entretenu des théories du complot quant au rôle des Juifs et d’Israël dans les attentats du 11 septembre. Nation of Islam a même publié une série de livres intitulés, "Relationship Between Blacks and Jews", prétendant que les Juifs sont à l’origine de la traite transatlantique et qu’ils continuent à contrôler les Noirs.

Cet hommage intervient alors que l’antisémitisme se développe aux États-Unis. Le 28 novembre dernier, les évêques catholiques américains ont dénoncé "la réémergence de l’antisémitisme sous de nouvelles formes". En 2021, l’ADL avait recensé 2 717 incidents antisémites à travers le pays, 34 % de plus qu’en 2020.

Jean Sarpédon

Crédit image : Shutterstock / Ryan DeBerardinis

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