"Atteintes à la laïcité": avis favorable à l'annulation de la suspension d'un directeur d'établissement catholique de Pau

Une "sanction disproportionnée" face à des "manquements non établis": le rapporteur public a recommandé mercredi, au tribunal administratif de Pau, l'annulation d'une sanction disciplinaire prise pour "atteintes à la laïcité" contre le directeur d'un établissement scolaire catholique.
Mi-septembre, le responsable du groupe privé Immaculée Conception à Pau, Christian Espeso, avait été suspendu par le rectorat de ses fonctions de direction pendant trois ans, pour des "atteintes à la laïcité", avant d'obtenir, fin novembre, de la justice administrative de retrouver ses fonctions, le temps que celle-ci se prononce sur le fond de l'affaire.
L'administration reprochait au directeur d'avoir autorisé "un cours intitulé 'enseignement religieux'", organisé une marche de Pau à Lourdes "qui présenterait une dimension religieuse" ou encore censuré des manuels scolaires et ouvrages "contenant des passages sexuels considérés comme inadaptés". Elle reprochait aussi au directeur un "comportement inapproprié" et un "management malveillant".
Face à des "dérives" pointées dès 2021 au rectorat, "M. Espeso a choisi de persister dans une voie qui a éloigné l'établissement des principes républicains, pour imposer sa vision d'une religion traditionaliste", a pointé la représentante du rectorat, lors de l'audience.
Mercredi, sous le regard de nombreux soutiens du directeur de l'Immaculée conception, le rapporteur public a néanmoins jugé cette sanction "disproportionnée" au regard de "l'absence de matérialité des faits", hormis pour ce qui relève de la marche Pau-Lourdes, et demandé son annulation.
"Sans minimiser" les témoignages de personnels en souffrance entendus par les inspecteurs du rectorat, il conclut à "des éléments trop disparates et contradictoires" pour établir un management violent.
Les juges administratifs rendront leur décision d'ici un mois.
"Je ne peux que me satisfaire des conclusions du rapporteur public", a réagi l'avocat de Christian Espeso, Me Hugues De Lacoste.
Le Snep-Unsa, l'un des cinq syndicats enseignants qui avaient dénoncé "le non-respect des obligations contractuelles" de l'établissement palois envers l'État en début d'année, "prend acte", sans cacher une "forme de déception" et "d'inquiétude pour la suite" chez une partie des enseignants.
Sur le plan pénal, une information judiciaire est toujours ouverte après une plainte pour "harcèlement moral" contre Christian Espeso. En revanche, le parquet de Pau a classé sans suite début mai une enquête préliminaire ouverte pour contestation de crime contre l'humanité, après une plainte de SOS Racisme pour "négationnisme" visant un éditorial du directeur publié dans la gazette du lycée.
La Rédaction (avec AFP)