Au Vénézuéla, la Banque Centrale dévoile l’ampleur du désastre

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La Banque Centrale du Vénézuéla révèle au monde l’étendue de la crise généralisée qui frappe son pays.

Après des années de silence, la Banque Centrale du Vénézuéla vient de reconnaitre la situation économique désastreuse du pays. Hyperinflation, chute des exportations pétrolières mais aussi des importations, crise alimentaire aiguë, crise migratoire, effondrement du système de santé publique et crise politique. Le Vénézuéla s’enlise dans le chaos.

L’inflation a été de 130 000% en 2018. Cela faisait 3 ans qu’elle n’avait publié aucun chiffre. La Banque Centrale du Vénézuéla a annoncé une inflation de 130 000% en 2018, soit une hausse des prix de 365 % par jour en moyenne. Le Fonds Monétaire International évalue cependant l’inflation en 2018 à 1 370 000% et prévoit 10 000 000% pour 2019. Le Food Security Information Network (FSIN) vient de publier un rapport sur les crises alimentaire en 2019.  Pour les experts, « cette hyperinflation a considérablement réduit le pouvoir d’achat des populations, limitant l’accès à la nourriture ».

Dans ce contexte, le FSIN déplore une chute des importations de produits alimentaires de 67%.

« Le Venezuela traverse une crise politique et économique. La majeure partie de la nourriture est importée, mais l’effondrement de la valeur de la monnaie locale, le bolivar, entraîne des difficultés pour importer des produits alimentaires. »

Le pays est en « crise alimentaire aiguë ». Cette chute des importations explique les graves pénuries de produits de première nécessité, les aliments de base mais aussi de médicaments. Selon les chiffres officiels, les importations sont passées de 57 milliards $ en 2013 à 14 milliards $ en 2018. Selon l’Agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le pays est entré en « crise alimentaire aiguë » en 2019. Pour l’ONU, être en « sécurité alimentaire« , c’est avoir « à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive ». Au Vénézuéla, ce n’est plus le cas. 80% des foyers sont dans l’insécurité alimentaire. 3,7 millions de vénézuéliens sont mal nourris. 5 à 6 enfants meurent chaque jour de malnutrition.

Chute des exportations pétrolières. En parallèle de la chute des importations, on assiste à la chute des exportations pétrolières. Il s’agit pourtant de 96% des revenus du pays, qui est le détenteur des plus grandes réserves pétrolières du monde. Selon la Banque Centrale, les exportations ont chuté et sont passés de 85 milliards $ en 2013 à 29 milliards $ en 2019. Selon les chiffres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétroles (OPEP), la production du Vénézuéla a été divisée par 3 en 10 ans. Suite à l’embargo imposé par les États-Unis pour contraindre Nicolas Maduro à quitter la présidence, les exportations sont bloquées vers les USA, mais également les importations de diluants nécessaires au raffinage. La production pétrolière est donc en chute, passant de 3 millions de barils par jour en 2009, à 1 million en avril 2019, ce qui impose un rationnement pour les populations.

Le Vénézuéla est également confronté à l’effondrement de son système de santé publique. Les chercheurs de Human Right Watch se sont rendus aux frontières pour évaluer l’étendue de la crise humanitaire. Leur constat est sans appel :

« Le système de santé publique du Venezuela s’est effondré, ce qui met en danger la vie d’innombrables Vénézuéliens. La combinaison d’un système de santé en échec et de pénuries alimentaires généralisées a généré une catastrophe humanitaire, qui ne fera que s’aggraver si une solution n’est pas trouvée rapidement. »

Le système de santé s’effondre. En 2015, le Ministère de la Santé a cessé de publier les indicateurs de santé. Mais les épidémies de rougeoles et de diphtéries se multiplient, ce qui indique de « graves défaillances de la couverture vaccinale ». On assiste également à une recrudescence des cas de paludisme et de tuberculose et à la quasi-impossibilité de se soigner pour les porteurs du virus du sida. La mortalité maternelle a augmenté de 65% en 2016, la mortalité infantile de 30%. Le taux de malnutrition aggrave cette crise sanitaire, car elle rend la population plus sensible aux maladies infectieuses et aux risques de complications en cas de maladie.

Les enfants sont les premières victimes. Au coeur de cette crise généralisée, les enfants sont les premières victimes. Seule la moitié des enfants et adolescents scolarisés vont à l’école. Les causes de l’absentéisme sont toutes liées à la crise : pénurie d’eau, de nourriture, manque de transports, absence d’électricité et le manque de nourriture à l’école. En effet, 23% des foyers n’ont pas l’eau courante et 25% subissent régulièrement des coupures de courant pendant plusieurs heures.

La survie devenant impossible, 3,4 millions de Vénézuéliens ont fait le choix de l’exil. Selon l’ONU, 5 millions auront fui le pays en 5 ans. Soit 16% de la population. C’est un exode plus important que celui de la crise syrienne.

M.C.

Crédit Image : sebastorg / Shutterstock.com


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