En conservant sa ceinture du PEF dans la catégorie des -93 kg ce vendredi à Hem, faisant de lui la référence française en amateur dans cette discipline, Lionel Konda n’a pas seulement marqué les esprits grâce à sa victoire acquise dans la cage...
Avant d’entrer dans une salle du Zéphyr pleine à craquer, et où une poignée de ses proches tentaient de faire plus de bruit qu’une salle hémoise toute acquise à la cause de Mahedine Bouafia la vedette locale, une vidéo "manga" le mettant en scène fut ainsi l’occasion pour le Francilien d’affirmer haut et fort sa foi chrétienne. Des grandes enceintes crachant les décibels, la voix posée de Konda affirmait avec assurance : "Allez, on y va, le Seigneur est avec moi donc je ne peux pas échouer".
Le cas du jeune combattant MMA chrétien de 23 ans, que la Rédaction Plus Que Sportifs avait déjà rencontré le mois dernier, est-il un cas isolé ? Non ! Dans son sillage, nombreux sont en effet les chrétiens adeptes des sports de combat qui affichent leur foi dans les moments clés de leurs carrières !
En ajoutant la mention "Jesus first" (Jésus à la première place) dans sa bio Instagram, le boxeur Gaëtan Ntambwe, champion de France dans la catégorie mi-lourds en 2024, fait partie de ceux-là. Dans un épisode du podcast Décrassage sorti en mai dernier, il confessait :
"Pourquoi cacher ma foi ? Celle-ci fait pleinement partie de l’être et du sportif que je suis. J’aime dire que, de par mon parcours, la boxe m’a calmé pendant que ma foi en Christ m’a apaisé."
Empreint d’honnêteté, ce dernier avouait cependant s’être posé la question de savoir si la pratique de la boxe était compatible avec sa foi. "Car, après tout, mon métier consiste à donner des coups…".
En guise de réponse, Joel Thibault, aumônier du sport auprès de nombreux sportifs de haut niveau, n’en démord pas :
"Je ne vois pas pourquoi un chrétien ne pourrait pas boxer. Tant qu’il respecte les règles de son sport et que ses motivations de cœur soient pures devant Dieu, il n’y a pas de problème selon moi."
Un avis partagé par Gaëtan Ntambwe :
"Mon parcours m’a poussé à poser la question à de nombreux pasteurs et frères à l’église. Et ils m’ont tous renvoyé au fait de savoir avec quelles intentions je montais sur le ring !"
Certes, dans la Bible, Paul mentionne la boxe quand il écrit "Moi donc, je cours, non pas comme à l’aventure ; je boxe, non pas comme battant l’air"(1 Corinthiens 9:26). Un verset souvent utilisé par les chrétiens boxeurs mais qui ne peut être vu comme une validation biblique des sports de combat selon Joël Thibault.
"Le texte qui arbitre mieux tout cela est celui qui dit ‘que tout est permis, mais tout n’est pas utile’. Si par le sport qu’il pratique, un sportif glorifie Dieu… Où est le mal ?"
Si Lionel Konda comme Gaëtan Ntambwe affirment à cœur ouvert ne pas pratiquer leur sport pour "la bagarre", la voyant plus comme "un jeu d’échec", ils assument cependant qu’avec lui, "l’erreur se paye plus chère".
Là encore, Joël Thibault aime nuancer : "Il ne faut pas oublier que ce sport est désormais codifié : les boxeurs sont aujourd’hui entraînés à encaisser les coups, ne combattent pas toutes les semaines et portant même des casques en amateur. Pour moi, le rugby, avec toutes les commotions, et un match par semaine, est peut-être plus dangereux !"
Pourtant, si la boxe d’aujourd’hui n’a rien à avoir avec celle d’avant, force est de constater que beaucoup de langues dans le milieu chrétien la diabolisent au nom du danger et de la violence qu’elle incarne.
À ce sujet, l’essor du MMA, sport qui n’a été autorisé en France que depuis 2020, participe fortement à ce sentiment. Or, dans cette discipline afficher sa foi fait surtout partie de l’ADN des combattants. "Plus qu’un effet de mode, c’est comme s’il y avait un enjeu spirituel déguisé derrière tout cela", ajoute Joël Thibault.
"On voit beaucoup de combattants revendiquer leur foi en marge des combats… Il y a une forme de croisade des temps modernes initiée par les musulmans et repris chez les évangéliques ou catholiques."
Pour ces derniers, le français Benoit Saint-Denis est devenu une figure de premier plan.
"Dans le MMA, les règles par rapport au prosélytisme sont plus légères. Cela fait presque partie du jeu et il n’est pas rare de voir des combattants monter dans la cage avec une bible et un coran. Inconsciemment, c’est un peu comme si leurs victoires, auprès des sportifs eux-mêmes ou de leurs fans, validaient leur religion. Mais est-ce que l’attitude qu’ils renvoient derrière est à l’image de ce qu’ils affirment face caméra ?"
Le mois dernier, et alors qu’un fort enjeu entourait leur combat commun en UFC, la plus réputée des ligues de MMA, Kody Koji et Ginseng Dujour avaient déployé conjointement un drapeau sur lequel était inscrit "Jésus est Roi" lors de leur pesée médiatique. Dans cette lignée, celle de Lionel Konda à Hem le week-end dernier, était déjà pleine de retenue, de paix et d’humilité, là où les autres combattants misaient avant tout sur l’agressivité.
Gaëtan Ntambwe se veut également être dans cet héritage : "Je suis convaincu que Dieu m’a placé dans le milieu de la boxe pour être un témoin de Christ auprès de ceux que je côtoie", ajoute-t-il. "Si vous saviez le nombre de personnes dans ce milieu à qui j’ai pu témoigner de ma foi…" Et si tout commençait par là ?
La Rédaction de Plus que Sportifs