
Le 8 septembre dernier, environ soixante-dix chrétiens ont été assassinés par des terroristes affiliés à l’État islamique dans la province du Nord-Kivu en RDC. Le lendemain, une seconde attaque a fait trente morts.
Rassemblés lors d’une veillée funéraire dans le village de Ntoyo situé dans la province du Nord-Kivu en RDC, soixante-dix chrétiens ont été assassinés par des terroristes des Forces Démocratiques Alliées (ADF), affiliés à l’État islamique, le 8 septembre.
Selon le Révérend Mbula Samaki de l'église de Mangurejipa, interrogé par l’ONG de défense des chrétiens persécutés Portes Ouvertes, les assaillants ont "froidement assassiné" vingt-six chrétiens sur le lieu des funérailles. Ils ont ensuite abattu "ceux qui essayaient de fuir". Sur place, plus de cent croyants ont été kidnappés et seize maisons ont été incendiées, rapporte l’organisation.
"Ce que j’ai vu est horrible", s’est insurgé L’Abbé Paluku Nzalamingi qui s’est rendu sur le lieu du drame :
"Ils ont tué presque toutes les personnes présentes aux funérailles. J’étais incapable de tous les compter, mais je peux affirmer qu’il y a au moins 70 victimes. Des femmes dans le couloir, d’autres dehors. Dans la plupart des cas, elles ont été abattues à bout portant. Il y a des corps le long de la route, près du centre de Ntoyo."
Le lendemain, trente fermiers chrétiens ont ensuite été froidement assassinés à la machette par le même groupe terroriste, près d’Oicha dans la province du Nord-Kivu. D’autres sont encore portés disparus.
"C’était une nuit de tristesse et de désolation pour les chrétiens", a exprimé un pasteur de la Communauté Évangélique au Centre de l'Afrique d’Oicha.
"Nous demandons au Corps de Christ de prier"
Pour fuir l'insécurité, certains croyants se sont rassemblés à Njiapanda dans l’église baptiste du Révérent Alili, mais ils craignent une prochaine attaque :
"Les chrétiens sont désorientés. En tant qu’église, nous sommes à court de moyen pour les réconforter. Ils n’osent pas rester dormir dans l’église car ils ont peur d’y être attaqués et massacrés comme les victimes de la veillée funéraire."
Après avoir condamné fermement ce "nouveau massacre", le porte-parole de Portes Ouvertes pour l’Afrique Subsaharienne appelle les autorités nationales et internationales à placer la protection des civils au cœur de leurs priorités.
"Nous sommes consternés d'apprendre qu'un nouveau massacre de chrétiens a eu lieu dans l'est de la RDC. Portes Ouvertes condamne fermement ces actes de violence persistants contre les croyants et appelle urgemment le gouvernement et ses institutions internationales à faire une priorité de la protection les civils dans l’Est de la RDC où les ADF, affilés à l’État Islamique, sont libres de semer le chaos depuis trop longtemps."
"Nous demandons au Corps de Christ de prier pour l’Église, afin que les chrétiens tiennent ferme face à ces attaques qui les visent", a-t-il ajouté.
Le pays est classé 35e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de Portes Ouvertes. Dans les régions de l’Est et notamment le Nord-Kivu, le groupe ADF "attaque et incendie les villages chrétiens, tuant les hommes et enlevant les femmes et les enfants", précise l’ONG.
Le 13 février dernier, l’organisation annonçait la décapitation de 70 chrétiens par ce groupe terroriste dans la région. Les victimes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, avaient été enlevées la veille. Ligotées et exécutées à l'arme blanche, elles n'avaient eu aucune chance de s'en sortir.
Depuis plusieurs décennies, la province du Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre divers groupes armés, dont les ADF, qui terrorisent les populations civiles. Ce groupe d'origine ougandaise, affilié à Daesh, est accusé de multiples attaques sanglantes dans la région. En raison de l'éloignement et du mauvais état des infrastructures routières, l'intervention des forces de sécurité est souvent tardive et inefficace.
Mélanie Boukorras