
Une nouvelle flambée de violences a fait au moins 20 morts entre lundi et mardi dans l'État du Plateau, dans le centre du Nigeria, où les affrontements entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires majoritairement chrétiens sont fréquents.
Trois attaques distinctes dans la circonscription de Mangu ont eu lieu en début de semaine.
Huit personnes ont été tuées mardi soir dans le village de Chinchin, selon le président du conseil local, Emmanuel Bala.
Cette attaque fait suite à une autre perpétrée lundi à l'extérieur de la ville de Langai, où cinq personnes ont été tuées. Lundi également, des assaillants non identifiés ont tué sept personnes dans le district de Bwe.
L’État du Plateau, situé entre le nord du Nigeria, à majorité musulmane, et le sud, principalement chrétien, est historiquement marqué par des tensions et des violences intercommunautaires.
Les attaques dans cette région dite de la Ceinture centrale du Nigeria prennent régulièrement une dimension religieuse ou ethnique, mais leurs raisons restent souvent floues.
Des querelles localisées ou des malentendus entre individus ou de petits groupes de personnes peuvent rapidement se transformer en violences de masse et en spirale de représailles.
L'accaparement des terres, les tensions politiques et économiques entre les sédentaires et ceux qui sont considérés comme des étrangers, ainsi que l'afflux de prédicateurs musulmans et chrétiens extrémistes qui soufflent sur les braises, ont accentué les divisions dans cette région centrale du pays le plus peuplé d’Afrique, en particulier dans les États de Benue et du Plateau, au cours des dernières décennies.
Dans le centre du pays, les terres disponibles pour l'agriculture et l'élevage se réduisent régulièrement à cause du changement climatique et de l'expansion humaine, ce qui entraîne une concurrence parfois mortelle pour un espace de plus en plus limité.
Spirale de violence
"Il y a quelque temps, les autochtones exploitaient des mines, ils ont été attaqués" à la machette, mais personne n'a été tué, a expliqué Emmanuel Bala à l'AFP.
Les Peuls de la région ont également été harcelés et attaqués ces derniers jours à la suite d'agressions meurtrières attribuées à des membres de leur ethnie, a ajouté M. Bala.
Un responsable de la Croix-Rouge a confirmé le bilan de Chinchin et indiqué que le nombre de personnes tuées au cours des dernières 24 heures pourrait s'élever à 21.
Lundi, près d'une centaine de maisons ont été incendiées dans le district de Langai, dans la même circonscription de Mangu.
De telles attaques faisant des dizaines de victimes ne sont pas nouvelles dans l’État du Plateau.
Une série de massacres non élucidés a fait plus de 150 morts en avril de cette année dans les États du Plateau et de Benue.
Lors de l'un des massacres les plus meurtriers de ces dernières années au Nigeria, près de 200 personnes avaient été tuées en décembre 2023 dans un village à majorité chrétienne.
Il y avait eu des attaques encore plus sanglantes auparavant: en septembre 2001, des émeutes sectaires à Jos avaient fait près de 1.000 morts en l’espace de cinq jours.
Selon l’ONG Portes Ouvertes, le Nigeria reste le pays le plus dangereux au monde pour les chrétiens. En 2024, plus de 3 100 chréiens ont en effet été tués en raison leur foi. Si le gouvernement fédéral nie toute persécution religieuse et évoque des conflits liés à l’accès aux ressources, de nombreux responsables religieux dénoncent un abandon des populations chrétiennes.
La Rédaction (avec AFP)