Dix-huit pasteurs de l’église de Zion ont été officiellement arrêtés mardi 18 novembre après plusieurs semaines de détention secrète et d’interrogations intenses. Ces arrestations s'inscrivent dans une campagne de répression menée par le Parti communiste chinois.
Le 18 novembre, dix-huit responsables de l’Église de Zion, dont son pasteur fondateur Jin Ezra Mingri, ont été interpellés en Chine, sur la base d’accusations jugées politiquement motivées, rapporte Evangelical Focus.
Selon les témoignages des familles et avocats recueillis par le groupe chrétien de défense des droits China Aid, cette annonce intervient après des semaines de détention secrète, d’interrogatoires intenses et de pressions exercées sur leurs familles.
Depuis le lancement, le 9 octobre dernier, d’une campagne de répression nationale par le Parti communiste chinois , les pasteurs ont été détenus. Cette opération est décrite comme l’une des plus sévères contre les églises domestiques au cours de ces dernières années.
Dans un communiqué publié sur X le 19 novembre, le fondateur et président de China Aid, Bob Fu, a dénoncé une offensive visant "chaque église indépendante de Chine":
"L’arrestation officielle de ces 18 pasteurs fidèles et collègues de l’Église Zion est une étape choquante dans la guerre à grande échelle du PCC contre le christianisme en Chine. Leur seul soi-disant crime est de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ, de prendre soin du troupeau de Dieu et de refuser de transformer l’Église du Christ en outil de propagande du Parti communiste."
"En transformant les pasteurs en prisonniers politiques, le PCC ne persécute pas seulement ces individus et leurs familles, il envoie un avertissement à chaque église indépendante en Chine : soumettez-vous au contrôle du Parti ou faites face à la destruction", a-t-il ajouté.
La répression contre l’Église de Zion survient un mois après que le principal organisme chinois de réglementation des affaires religieuses ait mis en vigueur le nouveau réglement sur le comportement en ligne des religieux. Ce texte interdit par exemple la prédication ou l’enseignement en ligne, sauf par des plateformes officielles gérées par des organisations religieuses enregistrées et détenant une licence de Services d’information religieuse sur Internet.
En outre, l'enseignement religieux sur les réseaux sociaux personnels, les livestreams, les groupes WeChat ou les forums informels sont désormais interdits.
Parallèlement, le gouvernement chinois a révisé la Loi sur les sanctions administratives en matière de sécurité publique, intégrant pour la première fois les activités religieuses illégales dans le champ des infractions administratives. Toute personne qui "organise, incite ou contraint d’autres individus à participer à des activités religieuses illégales” ou qui “utilise la religion pour perturber l’ordre social" peut désormais être placée en détention de cinq à quinze jours.
"Le monde est témoin de leur traitement"
Cette situation a suscité la mobilisation de la communauté chrétienne mondiale. Ainsi, cinq cents responsables d'églises et des croyants de quarante-cinq pays ont signé une pétition de prière en ligne afin que les autorités chinoises sachent "que les chrétiens du monde entier se tiennent à leurs côtés".
"Nous prions pour tous les croyants en Chine qui font face à une pression croissante, à des restrictions et à la persécution. Qu’ils sachent que les chrétiens du monde entier se tiennent à leurs côtés en esprit et en prière, et que le monde est témoin de leur traitement."
Les signataires prient également pour un avenir où les chrétiens de Chine pourront pratiquer librement leur foi et servir leurs communautés sans crainte.
Le gendre du pasteur fondateur, Bill Drexel, a indiqué qu’il s’agit de la première mobilisation internationale d’une telle envergure, rassemblant des chrétiens en lien direct avec la Chine pour soutenir l’Église persécutée.
Depuis de nombreuses années, l’Église Zion, comme de nombreuses autres églises, fait face à une forte pression des autorités chinoises : fermetures, surveillance, violences, descentes policières et détentions en raison de son refus de rejoindre le Mouvement patriotique des Trois-Autonomies, l’Église officielle contrôlée par l’État.
Elormise Pierre