Chrétiens persécutés en Iran : « Se convertir au christianisme ou à toute autre religion est vraiment un acte héroïque »

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Un webinaire dédié à la persécution des chrétiens iraniens révèle que la conversion au christianisme est un « acte héroïque » dans ce pays du Moyen-Orient. 

Un wébinaire sur la persécution des chrétiens en Iran a été organisé le 8 février dernier par Maziar Bahari du média IranWire. Mansour Borji, le directeur exécutif d’Article 18, organisation dédiée à la protection et à la promotion de la liberté religieuse en Iran, faisait partie des intervenants.

Trois anciens prisonniers chrétiens, Shadi, Kavian et Vahid, arrêtés en raison de leurs convictions religieuses, ont également témoigné.

Selon Mansour Borji, « la conversion est un énorme obstacle dans la plupart des pays à majorité musulmane, y compris l’Iran ». Et ce, alors même que le pays a signé la Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies qui garantit « le droit de choisir et d’exercer a religion ».

« Lorsque la Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies a été signée par les États membres, l’Iran et d’autres pays avaient des objections par rapport à l’article 18, qui prévoyait et garantissait le droit de choisir sa religion et de l’exercer librement - personnellement mais aussi en privé et en public. Néanmoins, l’Iran l’a signé et plus tard elle a été adoptée par le parlement. C’est donc maintenant une obligation pour l’Iran de respecter ce droit pour tous ses citoyens. »

L’Iran considère que ce droit est accordé aux citoyens du pays, pourtant les témoignages rapportés par les trois anciens prisonniers chrétiens montrent une réalité bien différente.

Ils dressent un tableau qui a amené l’animateur du webinaire Maziar Bahari à conclure que « se convertir au christianisme ou à toute autre religion en Iran est vraiment un acte héroïque ».

Shadi raconte que lorsqu’elle a été arrêtée, les agents du ministère du renseignement lui ont affirmé que son « crime » (sa conversion au christianisme) était « encore pire qu’un meurtre ». Au cours de plusieurs interrogatoires, la jeune femme révèle avoir été « menacée de torture » tandis qu’elle entendait les cris « des femmes dans les pièces voisines » qui étaient « battues et torturées ».

En outre, elle ajoute que depuis sa libération elle est « régulièrement surveillée par différentes agences de renseignement » et que « des voitures de police » rôdent autour de son domicile.

Kavian est également revenu sur son expérience. Il rapporte que sa situation est « différente de celle de nombreux autres chrétiens [convertis] en Iran ». Ses parents étant également chrétiens il n’a pas été ostracisé par sa famille « contrairement à la plupart des gens qui se convertissent au christianisme en Iran ».

Kavian a été détenu pendant 53 jours, dont un mois à l’isolement, après son arrestation lors d’un rassemblement de Noël en 2014. Condamné à 10 ans de prison, il a ensuite fui le pays.

Vahid a lui été arrêté en 2012 lors d’une réunion d’église de maison. Il a passé trois ans derrière les barreaux. Lors de sa première année de prison, il raconte avoir été enfermé dans une cellule séparée avec d’autres personnes issues des minorités religieuses. Il ajoute avoir subi beaucoup de pression pour se convertir à l’islam. On lui disait que s’il se convertissait, il serait libéré.

« Nous nous sentions comme des otages dans la prison en Iran parce qu’ils nous utilisaient dans leurs négociations politiques avec d’autres pays », continue le chrétien iranien.

Il a rapporte que lorsqu’il s’est converti, il ignorait que ce serait considéré comme un tel délit. Il ne savait pas non plus que « ce serait une tâche si difficile de trouver un livre sur le christianisme ». Vahid affirme en effet qu’il lui a fallu « un an pour trouver un exemplaire du Nouveau Testament ».

L’Iran est classé 9e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 de l’ONG Portes Ouvertes qui indique que dans ce pays, « les droits de la minorité chrétienne sont limités ».

Camille Westphal Perrier


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