C​​omment les chrétiens afghans survivent-ils au régime taliban ?

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Découvrez des extraits de l’interview d’un producteur afghan d’émission chrétienne en Afghanistan.

Un an après la prise de Kaboul par les Talibans, The Voice of Martyrs of Canada a interviewé le pasteur Shoaib Ebadi, un Canadien afghan d’origine musulmane qui anime et produit des émissions chrétiennes diffusées en Afghanistan, afin de connaître la situation actuelle des chrétiens sur place.

Il explique que des centaines de chrétiens ont fui l’Afghanistan, vers le Pakistan et Dubaï, mais que ceux restés sur place n’ont plus de liberté. Il précise que chaque jour, des civils sont tués, en guise de revanche des Talibans contre ceux qui ont travaillé pour le gouvernement précédent. Shoaib Ebadi affirme que des chrétiens sont menacés. Dans le cadre de l’émission télévisée qu’il diffuse, le pasteur explique recevoir chaque semaine des appels de chrétiens afghans. Ces derniers lui font part de leurs craintes. Ils sont arrêtés, on examine leurs téléphones mobiles.

« Ce que nous entendons au sujet des chrétiens afghans en Afghanistan, c’est qu’ils ont de nombreux défis, comme de nombreux Afghans, mais spécifiquement en tant que chrétiens », poursuit-il.

La première problématique des chrétiens relève du travail.

« La plupart d’entre eux ont perdu leur travail, parce qu’ils travaillaient pour différentes organisations, des organisations étrangères, des ONG, ou pour le gouvernement. Ils ont perdu leur travail, et en particulier les femmes. Et ces femmes étaient les seules à subvenir aux besoins de leur famille, parce qu’elles ont perdu leurs maris. Et elles ont perdu leur travail. »

La deuxième problématique relève du déplacement. Les femmes ne peuvent pas se déplacer seules d’une province à une autre. Elles doivent être accompagnées de leur frère, de leur père, ou d’un autre homme de leur famille, ce qui entraîne des complications lorsqu’il s’agit de bénéficier de soins médicaux.

Shoaib Ebadi évoque ensuite l’auto-censure liée aux peurs des chrétiens. Mais il est également reconnaissant de pouvoir parler de ces chrétiens qui se rassemblent, au sein de leur propre famille, mais aussi avec d’autres familles, pour prier ensemble. Ils s’aident les uns les autres, ils aident les autres. « Ils font toutes ces choses pour être le sel et la lumière », affirme-t-il.

Le pasteur donne ensuite des informations sur le programme télévisé diffusé sur place et principalement regardé par des musulmans, « qui veulent entendre différentes opinions ».

« Une des choses que l’on fait durant nos programmes, c’est enseigner la vie de Jésus. (...) Nous enseignons aux Afghans comment ils peuvent connaître Jésus, comment ils peuvent comprendre les enseignements de Jésus, et c’est ce qui change le cœur des gens en Afghanistan. (...) Nous parlons aussi de la Parole de Dieu, de la Bonne Nouvelle, et du moyen qu’ils ont d’y accéder. »

S’il explique qu’il est actuellement difficile de distribuer des Bibles, il précise également que la Bible reste disponible en ligne.

« Ils peuvent l’écouter, ils peuvent la télécharger en PDF ou ils peuvent la télécharger comme un podcast ou un fichier audio. »

Dans cette émission télévisée, Shoaib partage également un point de vue chrétien sur les événements en cours en Afghanistan.

« Par exemple, quand ils donnent ces nouvelles règles au sujet des femmes, ou quand il y a des génocides de certains groupes ethniques, nous parlons ouvertement du fait que Jésus aime tout le monde de la même façon. »

« En ce moment, en Afghanistan, la croissance de l’église est dix fois plus rapide qu’en Iran », affirme Shoaib Ebadi, qui évoque le rôle des émissions chrétiennes, d’Internet et des réseaux sociaux. « Je peux dire que Dieu est à l’œuvre, il y a des personnes nouvelles chaque jour », continue-t-il.

« Les gens s’interrogent. Et c’est le meilleur point de départ. Des centaines de milliers d’Afghans s’interrogent. En particulier les jeunes, entre 16 et 25 ans. Ils interrogent tout, leur propre foi, leur passé, leur présent, leur futur. Ils ont des téléphones mobiles. Quand ils s’interrogent, ils posent des questions. Certains de nos collègues font de courtes vidéos sur Instagram, au sujet des enseignements de Jésus, de la vie de Jésus. Elles sont vues des centaines de milliers de fois. »

Pour les chrétiens afghans, « chaque jour est un défi », rappelle le pasteur, en nous invitant à prier pour eux.

M.C.

Crédit image : Shutterstock.com / Ruslan Lytvyn

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