
Au Pakistan, le chrétien Asif Pervaiz est accusé d’avoir envoyé des SMS blasphématoires.
Le 8 septembre, le tribunal de Lahore, au Pakistan, a condamné à mort Asif Pervaiz, 37 ans. Ce père de quatre enfants est en prison depuis près de 7 ans car, en octobre 2013, il a été accusé de blasphème par son ancien superviseur dans une usine de confection, Saeed Ahmed Khokhar.
Saeed Ahmed Khokhar a accusé Asif Pervaiz d’avoir envoyé des SMS blasphématoires. Asif affirme lui avoir perdu sa carte SIM quelques jours avant l’incident présumé.
En vertu des articles 295-A, 295-B et 295-C, qui régissent les lois sur le blasphème au Pakistan, Pervaiz vient d’être condamné à mort. Ildoit désormais purger une peine de trois ans de prison pour usage abusif du téléphone. Il devra payer une amende de 50 000 roupies, soit 255 euros environ. Et il sera ensuite « pendu par le cou jusqu’à sa mort ».
Son avocat Saïf ul Malook, qui avait défendu Asia Bibi, dénonce le harcèlement dont a souffert Asif.
« Dans sa déclaration au tribunal, Pervaiz avait déclaré catégoriquement que le plaignant avait l’habitude de faire pression sur lui pour qu’il renonce à sa foi chrétienne et se convertisse à l’islam. Pervaiz a déclaré qu’en raison du harcèlement constant du plaignant, il avait été contraint de quitter son emploi à l’usine, mais que ce dernier avait continué à le traquer sur son nouveau lieu de travail. »
Un premier rapport d’incident avait été rédigé contre « une personne inconnue ». Mais le nom de Pervaiz a ensuite été ajouté au stylo. Le juge a reconnu que le nom du client de Saïf ul Malook a été ajouté a posteriori, mais il a statué « qu’il ne voyait aucune malhonnêteté de la part du plaignant ».
En outre, l’officier qui a remis le téléphone portable d’où ont été envoyés les SMS au laboratoire n’est pas comparu comme témoin lors de l’audience. La Cour suprême a jugé obligatoire pour l’accusation de prouver que les preuves envoyées pour examen médico-légal restent en lieu sûr, de leur récupération jusqu’au laboratoire médico-légal. Pourtant, l’enquêteur aurait, dans le cas d’Asif Pervaiz, omis de nommer la personne à qui il a remis le téléphone portable.
Mais selon l’avocat, « malgré ces manquements flagrants, le juge a quand même admis le rapport ».
« Bien que je sois très déçu par la décision rendue dans cette affaire, on ne peut ignorer le fait qu’il est devenu une norme pour les juges de première instance qui entendent des affaires de blasphème de condamner l’accusé, quelle que soit la faiblesse de la thèse de l’accusation. »
Saïf ul Malook dénonce également le fait que « les accusés pourrissent en prison pendant des années jusqu’à ce que leur innocence soit enfin prouvée ».
« Il est tragique que Pervaiz ait déjà passé sept ans en prison pendant le procès, et Dieu sait combien d’années il devra rester incarcéré jusqu’à ce que la Haute Cour prenne son appel. Le pire dans les affaires de blasphème, c’est que les accusés pourrissent en prison pendant des années jusqu’à ce que leur innocence soit enfin prouvée. »
M.C.
Source : Morning Star News
Crédit Image : Morning Star News