Controverses autour de la nouvelle commission nationale pour les minorités au Pakistan

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La nouvelle Commission nationale pour les minorités au Pakistan sera-t-elle à même de changer la situation des minorités au Pakistan ?

Le gouvernement pakistanais a approuvé le 5 mai dernier la création d’une commission nationale pour les minorités au Pakistan. Une décision lourde d’attentes pour les minorités, et notamment pour les chrétiens, persécutés au quotidien dans cette république islamique.

Cette commission, qui fait suite à une décision prise en 2014 par la Cour Suprême pakistanaise, sera composée de trois musulmans, trois hindous, trois chrétiens et d’un membre issu des communautés sikh, farsi et kailash. Il est à noter que la communauté ahmadi, elle aussi largement persécutée, n’y sera pas représentée.

Certains voient en cette commission une avancée positive. C’est le cas de l’USCIRF, commission américaine sur la liberté religieuse internationale, qui voit en cette création « un pas dans la bonne direction », comme le déclare Anurima Bhargava, commissaire de l’USCIRF.

« Nous sommes encouragés par la formation de la Commission nationale pour les minorités en tant qu’organe gouvernemental de promotion des droits des minorités religieuses au Pakistan ; c’est une étape importante dans le cheminement continu du Pakistan vers la protection de la liberté religieuse. L’USCIRF encourage le gouvernement pakistanais à donner à la Commission les pouvoirs nécessaires pour atteindre son objectif, tel que défini par la Cour suprême. [...] La création de la Commission nationale pour les minorités est sans aucun doute un pas dans la bonne direction, bien que d’autres mesures soient certainement nécessaires. Le Premier ministre et son gouvernement ont la capacité de faire avancer le Pakistan, s’ils le souhaitent, et nous serons ravis de le voir. »

Mais dans le pays, la création de cette commission nourrit de nombreux débats.

Le Père Emmanuel Yousaf est le directeur exécutif de la Commission nationale Justice et Paix de la Conférence épiscopale. Il déplore le processus qui a abouti à sa mise en place.

« La Commission aurait dû être formée au travers d’un processus adéquat, équitable et consultatif. Les communautés des minorités religieuses n’ont pas été consultées au cours de la constitution de cette Commission. En outre, ceci aurait dû être fait par un acte du Parlement, de manière à instituer un organisme autonome disposant d’un statut propre, parvenant ainsi au but défini par la Cour Suprême. »

Samsom Salamat, Directeur du Centre pour l’éducation aux droits fondamentaux, la formation de cette commission n’a pas suivi une voie constitutionnelle. Il reproche notamment la présence de « responsables musulmans connus », qui empêchera selon lui d’engager des discussions en toute liberté.

« La Commission a été formée en suivant une voie inconstitutionnelle et non démocratique parce qu’elle n’est pas passée par le Parlement. Elle ressemble à une commission interreligieuse plutôt qu’à une commission des minorités : avoir inclus au sein de la commission en question le chef du Conseil de l’idéologie islamique ainsi que deux autres responsables musulmans connus en constitue la preuve évidente. En leur présence, les membres appartenant aux communautés minoritaires ne seront pas en mesure de discuter des questions et de prendre des décisions de manière indépendant et libre. »

Albert David est chrétien. Il fait partie de la commission et a déclaré à UCA News attendre sa prise de fonction avant de pouvoir commenter une telle situation.

« Chacun a droit à son opinion. Je pourrai commenter une fois que j’aurai reçu le mandat concernant les pouvoirs et le fonctionnement de la commission. Nous allons nous asseoir avec d’autres membres et discuter de la voie à suivre. Mais nous comprenons parfaitement qu’il y a d’énormes attentes de la communauté chrétienne et nous essaierons d’être à la hauteur. »

Il ajoutait auprès de l’Agence Fides vouloir « garantir la participation effective des communautés minoritaires à la vie de la nation, en examinant les revendications des communautés minoritaires exprimées au gouvernement pakistanais ».

M.C.

Crédit Image : gary yim / Shutterstock.com


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