
La Bible nous rappelle que la terre appartient à l’Éternel et que prendre soin de la création, c’est aussi défendre les plus vulnérables. À l’occasion de la COP30 qui débutera le 10 novembre prochain, A Rocha et le SEL invitent les chrétiens à suivre et à méditer ces enjeux.
"Le réchauffement climatique n’existe pas puisque j’ai eu froid aujourd’hui. Autre grand scoop : la faim dans le monde a été éradiquée puisque je viens de manger."
Dans son ouvrage Défi et espérance pour le climat, publié aux éditions Bibli’o en collaboration avec A Rocha le 14 mars 2025, la climatologue Katharine Hayhoe rappelle non sans ironie que ce que nous ressentons un jour donné ne change rien à la tendance de fond.
Aujourd’hui, le constat est sans appel : notre planète se réchauffe, et ce sont les plus pauvres qui en paient le prix fort.
Les dérèglements climatiques frappent en effet ceux qui y ont le moins contribué. Selon la Banque mondiale, les 74 pays les plus pauvres ne représentent qu’un dixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant, ils affrontent presque huit fois plus de catastrophes naturelles qu’il y a quarante ans. Comme le souligne l’Institut supérieur de l’environnement, ces inégalités climatiques aggravent des fractures déjà béantes. D’ici 2050, jusqu’à 200 millions de personnes pourraient être contraintes à migrer à l’intérieur de leurs frontières et 130 millions risquent de basculer dans la pauvreté. Le dernier rapport du GIEC rappelle qu’environ 3,5 milliards d’individus vivent dans des zones à très forte vulnérabilité.
Ces chiffres renvoient à des réalités bien concrètes : des paysans privés de récoltes par la sécheresse, des familles côtières menacées par la montée des eaux, des femmes et des enfants exposés aux vagues de chaleur ou aux pénuries d’eau potable. Le climat n’invente pas seulement de nouvelles misères, il amplifie aussi celles qui existent déjà : pauvreté, faim, conflits pour les ressources.
C’est dans ce contexte que se tiendra, du 10 au 21 novembre 2025, la 30e Conférence des Parties, dite COP30. Ce sommet mondial, placé sous l’égide des Nations unies, réunit chaque année près de 200 États pour renforcer les engagements pris et évaluer leur mise en œuvre. Si ces rencontres donnent lieu à de longues négociations politiques, elles s’accompagnent aussi de conférences, d’expositions et d’initiatives citoyennes, destinées à sensibiliser le grand public. Cette année, c’est Belém, aux portes de l’Amazonie, qui en sera le théâtre.
Le président Lula promet la "déforestation zéro" d’ici 2030, mais son pays investit encore dans de vastes projets pétroliers. Comment incarner le leadership climatique en misant sur les fossiles ? Ce dilemme illustre la tension des pays émergents, pris entre urgence sociale et transition écologique. La COP30 annonce un "agenda de l’action" centré sur les plus vulnérables.
Pour les chrétiens, la crise écologique n’est pas seulement une urgence scientifique ou politique, elle est aussi une interpellation spirituelle. "À l’Éternel la terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent !" nous dit la Bible dans Psaumes 24.1. Un verset qui nous rappelle que le monde n’est pas une propriété privée à exploiter sans limite, mais un bien commun confié à l’humanité. Ainsi, notre vocation est de "garder et cultiver" la Création (Genèse 2.15), pas de l’épuiser. Sans oublier que selon Proverbes (14.31), "qui opprime le pauvre outrage celui qui l’a fait". Alors, si "aimer les plus pauvres c’est aussi protéger la création" que pouvons-nous faire ?
C’est pour tenter de répondre à cette question qu’A Rocha et le SEL vous invitent à suivre et à méditer ces enjeux tout au long de la COP30. Car pauvreté et environnement ne sont pas deux combats distincts : ils ne forment qu’une seule et même bataille, celle de la justice, de la dignité humaine et finalement, de la fidélité au Créateur.
Camille Westphal