Dans les gares routières à destination du Nicaragua, des panneaux interdisent aux voyageurs de transporter des denrées périssables, des drones, des objets tranchants, mais aussi des bibles. Cette mesure, imposée par le gouvernement, traduit une volonté de restreindre la pratique du christianisme dans le pays.
L’entreprise de transport international Tica Bus El Salvador a été obligée, par les autorités nicaraguayennes, d’afficher dans ses gares routières un panneau interdisant aux voyageurs d'apporter des bibles au Nicaragua, rapporte le groupe britannique Christian Solidarity Worldwide le 12 décembre.
Selon un représentant de la compagnie basée au Honduras, cette restriction est en vigueur depuis plus de six mois. "Le Nicaragua n’autorise pas l’entrée de bibles, de journaux, de magazines, de livres de toute nature, de drones ni d’appareils photos", a précisé un autre porte-parole.
"Les efforts du gouvernement nicaraguayen pour restreindre l'entrée de Bibles [...] dans le pays sont extrêmement préoccupants compte tenu du contexte répressif actuel", alerte le groupe qui demande la levée "immédiate" de cette interdiction.
Cette volonté de restreindre le christianisme au Nicaragua n’est pas nouvelle. Depuis avril 2018, plus de 5 000 organisations indépendantes de la société civiles, dont plus de 1 300 à caractère religieux, ont été fermées de force par le gouvernement. Dans le pays, les pasteurs sont régulièrement soumis à des détentions arbitraires et les processions religieuses publiques sont interdites, précise CSW.
En mars dernier, le Nicaragua s’est retiré du Conseil des droits de l’homme des Nations Unis suite à la parution d’un rapport onusien critique à son égard. Celui-ci accusait notamment le gouvernement Ortega de s’attaquer à la liberté religieuse.
Le Nicaragua est classé 30e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l’ONG Portes Ouvertes. Dans le pays, l’Église est perçue comme un "ennemi" depuis que des responsables chrétiens ont dénoncé la répression des manifestations de 2018.
"Les églises sont surveillées et subissent des descentes de police ou gel de leurs comptes bancaires. Nombre d’organisations chrétiennes sont fermées. Des prêtres et des pasteurs sont arrêtés ou exilés du pays."
Mélanie Boukorras