De l’Empire romain à nos jours : l'histoire des chrétiens à Madrid
L’histoire de Madrid est profondément ancrée dans le christianisme. De ses origines modestes à son rôle majeur actuel, la ville a connu une évolution marquée par la foi, les conflits et les reconstructions.
Le christianisme s’implante dans la péninsule Ibérique dès les premiers siècles, sous l’Empire romain. Madrid n’existe pas encore, et la région est très rurale.
Ce sont des villes romaines proches, comme Complutum (aujourd’hui Alcalá de Henares), qui abritent les premières communautés chrétiennes. Ces groupes, alors modestes, se réunissent en secret face aux persécutions. L’édit de Milan, signé en 313, libère le culte chrétien et favorise son essor.
La période wisigothique
Au Ve siècle, les Wisigoths s’établissent progressivement dans la péninsule Ibérique. Initialement ariens, ils se convertissent au christianisme à la fin du VIe siècle, sous l’impulsion du roi Récarède.
Cette conversion renforce la présence de l’Église catholique dans la région, alors centrée à Tolède. Des églises et des monastères sont construits, servant à la fois de lieux de culte et d’éducation. Les conciles de Tolède unifient la liturgie et la doctrine, posant les bases d’une identité chrétienne durable.
L'ère musulmane et la Reconquista
Les forces musulmanes conquièrent la péninsule Ibérique vers 711. C’est le début d’Al-Andalus.
Madrid est fondée au IXe siècle sous le nom de Mayrit, et devient une forteresse stratégique. Pendant cette période, les communautés chrétiennes, appelées mozarabes, coexistent avec les musulmans et les juifs dans toute la région. Bien qu’ils soient souvent relégués à des positions subalternes, ces chrétiens peuvent néanmoins conserver leurs pratiques religieuses.
La Reconquista, mouvement de reconquête chrétienne, s’intensifie à partir du Xe siècle. En 1085, le roi Alphonse VI de Castille reprend Tolède, ce qui marque un tournant majeur. Madrid devient alors un bastion chrétien, avec la reprise des cultes catholiques et la construction d’églises. Les musulmans et les juifs sont progressivement marginalisés.
Madrid et les Rois Catholiques
Les Rois Catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon unifient l’Espagne au XVe siècle. Ils soutiennent la construction d’églises et de monastères, comme le monastère de San Jerónimo el Real à Madrid. Tolède reste la capitale du pays, mais Madrid gagne en importance.
L’Inquisition, établie en 1478, vise à uniformiser la religion en ciblant les hérétiques, les juifs et les musulmans. Madrid devient un centre de contrôle religieux, jusqu’à ce que Philippe II en fasse la capitale du pays en 1561.
Siècle d’or et déclin
Durant le Siècle d’or, les institutions chrétiennes prennent de plus en plus d’essor à Madrid comme ailleurs dans le pays et dans le Nouveau Monde. Des églises emblématiques comme San Andrés, ainsi que des monastères jésuites et franciscains, sont bâtis. La foi catholique domine alors la culture et l’art.
Cependant, au XVIIIe siècle, le pays entre dans une période de sécularisation. Les réformes des Lumières et certains troubles du XIXe siècle, comme les guerres carlistes, affaiblissent progressivement l’influence de l’Église. Malgré cela, Madrid reste un centre spirituel majeur, en Espagne comme à l’international.
La guerre civile, Franco et les chrétiens à Madrid
La guerre civile espagnole (1936-1939) marque un nouveau tournant pour les chrétiens à Madrid. Les républicains sont souvent anticléricaux, tandis que les nationalistes, menés par Franco, se posent en défenseurs du catholicisme. À Madrid, les chrétiens subissent violences et répression, mais beaucoup résistent clandestinement.
Après 1939, Franco instaure un régime autoritaire et restaure l’Église catholique comme pilier de l’État. L’histoire de la cathédrale de l’Almudena, ici décrite par Bonjour Madrid, symbolise l’histoire mouvementée qu’a connue la chrétienté à Madrid durant le XXe siècle.
Quentin Pak
