Déboussolé et perturbé par El Nino, le climat met la planète en danger

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Le premier janvier 2016, il faisait +2° à +4° Celsius au Pôle Nord, là où d’habitude les températures ne dépassent pas – 40° C. Un écart de plus de 50° C à certains endroits entraînant une fonte importante des glaces polaires. En France, la fin d’année a été exceptionnellement douce, et 2015 est la 3eme année la plus chaude depuis 1900. Le phénomène d’inversion des courants marins dans le Pacifique El Niño a provoqué et continuera de provoquer en 2016 des épisodes météorologiques exceptionnels.

Dès octobre 2015, le CNRS et les centres de météorologie prévenaient que l’épisode El Niño 2015-2016 sera l’un des plus violents des cent dernières années.  Ce phénomène est appelé El Niño, en référence à l’enfant (Jésus), par les habitants d’Amérique latine parce que le maximum de son intensité est atteint autour du 25 décembre.  Le phénomène climatique est dû à une inversion des alizées au-dessus de l’Océan Pacifique, ce qui entraîne une inversion des courants marins ramenant une eau chaude sur les côtes d’Amérique du Sud. Les conditions climatiques sont donc complètement bouleversées à l’échelle planétaire.

 

 

A l’échelle mondiale, 2015 est l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1880, année où des relevés réguliers ont été débutés. En France où la douceur a été exceptionnelle à la fin de l’année, 2015 est la 3e année la plus chaude depuis 1990. Aucune chute de neige, les stations de ski n’ont pas pu ouvrir leurs pistes pour les vacances de Noël, pendant que certains se baignaient dans la mer Méditerranée. Décembre 2015 a été le mois le plus sec sur la période 1959-2015.

Au Canada, il a fait 15° C à Montréal le jour de Noël, et pas un brin de neige pour un pays habitué à des hivers longs. Dans le même temps, les températures positives au pôle Nord accélèrent la fonte des glaces. Dans l’hémisphère sud des records de température sont battus, 48,6° C entraînant une sécheresse importante en Afrique du Sud.

« La raison pour laquelle on voit des températures aussi extrêmes est qu’El Niño survient en plus du réchauffement climatique. »
Simon Donner, de l’Université de la Colombie-Britannique

Paradoxe des changements climatiques créé par le réchauffement et El niño, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de neige en hiver ou qu’il ne gèlera pas. Au contraire les épisodes météorologiques seront plus intenses avec des alternances très marquées entraînant sécheresses, canicules, tempêtes, cyclones, inondations... Toute la planète subira des dérèglements climatiques. L’océan est la principale source d’énergie et d’humidité pour l’atmosphère. Quand le phénomène El Niño perturbe ce système, les météorologues mesurent et constatent des anomalies importantes qui ont des conséquences sur les activités humaines et sur notre chaîne alimentaire.

Le plus fort de l’activité d’El Niño est passé. Toutefois, le phénomène continue en décroissant et les conséquences pour l’année 2016 ne sont pas encore toutes connues. On peut citer parmi les dégâts occasionnés, une sécheresse importante en Indonésie, en Australie, au Brésil ou en Afrique du Sud... et celle-ci va se poursuivre. Hormis les dégâts matériels, El Niño entraînera des ruptures dans l’alimentation humaine et des épisodes de famines. Ainsi en Afrique australe, près de 30 millions de personnes sont déjà dans un état d’insécurité alimentaire selon l’ONU. L’Angola, l’Afrique du Sud, le Botswana, la Zambie, le Zimbabwe, le Lesotho, le Swaziland et le Mozambique seront les premiers pays affectés en 2016.

Après une année 2015 déjà difficile, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), verse des fonds et prépare des actions en vue de la pénurie alimentaire à venir en 2016. En Ethiopie, Les Nations Unies estiment que 15 millions de personnes seront confrontées à des pénuries alimentaires en 2016, la prochaine récolte n’étant pas attendue avant le mois de juin.

L’Afrique de l’Est au contraire est touchée par des précipitations excédentaires qui risquent de provoquer des inondations et d’impacter la vie d’un million de personnes. En Ouganda, le Gouvernement a demandé à 800 000 personnes, habitant des régions montagneuses où il y a des risques de glissement de terrain, de se déplacer dans des zones plus sures où elles recevront de l’aide.

En France, on peut sourire à la plainte des vacanciers d’hiver qui n’ont pas pu skier. Ailleurs, les conséquences d’El Niño mettent en péril des vies humaines si aucune aide ne leur est apportée.

Nathanaël Bechdolff

Source : El Niño, l’enfant terrible du climat est de retour


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