En Angleterre, le discours de Noël du roi Charles III perturbe les chrétiens

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Pour beaucoup de Britanniques, le discours de Noël de la reine d’Angleterre était un moment fort des festivités de fin d’année. Cette année, c’était au tour du nouveau roi, Charles, de se prêter à l’exercice. Des médias chrétiens en Angleterre ont été interpellés par ce premier discours, qui selon eux « inaugure une nouvelle ère » et révèle que « le chef de l’Église d’Angleterre ne sait pas ce que sa propre église enseigne, qui est le Christ ou ce que dit la Bible ». 

« Le discours de ce roi a en effet annoncé une nouvelle ère pour la monarchie et pour le Royaume-Uni - une ère sombre. Mais les chrétiens ne doivent pas désespérer, notamment parce qu’en fin de compte c’est le Christ qui est sur le trône. C’est le Christ qui est le Roi des rois. Et c’est devant le Christ que tous les genoux fléchiront, qu’ils soient rois ou pauvres », écrit le journaliste David Robertson dans les colonnes de Christian Today.

Le 25 décembre 2022, le roi Charles III a respecté la tradition en prononçant son premier discours de Noël, depuis la chapelle Saint-Georges du château de Windsor.

Plutôt que de le faire depuis un bureau, il a choisi de se tenir devant la caméra et s’en est tenu à un discours court de seulement 617 mots, retranscrit dans The Guardian. Pourtant, ces quelques mots ont révélé bien des choses sur le nouveau roi, notamment en ce qui concerne son rapport à la foi et à la religion chrétienne.

« Et ce qu’il a révélé devrait être profondément troublant pour tout chrétien, car le chef de l’Église d’Angleterre ne sait pas ce que sa propre église enseigne, qui est le Christ ou ce que dit la Bible », souligne David Robertson qui décrit pourtant un discours réussi en termes « de qualité de production, de ton et d’empathie ».

Les messages de Noël d’Elizabeth II

Au Royaume-Uni, le monarque est en effet à la tête de l’Eglise, bien que le chef spirituel soit l’archevêque de Cantorbéry, poste actuellement occupé par Justin Welby.

Les émissions de Noël de la reine étaient chaque année un peu plus marquées par ses croyances chrétiennes personnelles. Lors de son premier message de Noël en 1952, soit quelques mois avant son couronnement, Elizabeth avait notamment encouragé le peuple à prier pour elle :

« Je veux vous demander à tous, quelle que soit votre religion, de prier pour moi ce jour-là – de prier pour que Dieu me donne la sagesse et la force d’accomplir les promesses solennelles que je ferai, et de pouvoir le servir fidèlement, ainsi que vous, tous les jours de ma vie. »

Mais c’est à Noël 2000 que l’on observe un tournant. Alors qu’elle s’adressait à la nation, la reine avait rappelé que cette fête célèbre l’anniversaire de « Jésus Christ », soulignant qu’il s’agissait là « du véritable anniversaire du millénaire ».

Elle avait poursuivi en parlant ouvertement de sa propre foi, évoquant les enseignements du Christ et l’impact qu’ils ont eu dans sa vie.

« Pour moi, les enseignements du Christ et ma propre responsabilité personnelle devant Dieu fournissent un cadre dans lequel j’essaie de mener ma vie. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai puisé un grand réconfort dans les moments difficiles dans les paroles et l’exemple du Christ. »

Depuis ce jour, le traditionnel message de Noël de la reine a « été marqué par une volonté d’exprimer ses convictions chrétiennes », comme le souligne Catherine Pepinster dans Premier Christianity.

L’abandon de la foi ?

Une tradition dont semble vouloir s’éloigner le roi Charles III. Le thème général portait certes sur la foi, mais le roi s’est attardé sur le « pouvoir de la lumière » qu’il décrit comme « une croyance en l’extraordinaire capacité de chaque personne à toucher, avec bonté et compassion, la vie des autres et à faire briller une lumière dans le monde qui l’entoure ». « C’est l’essence de notre communauté et le fondement même de notre société », a-t-il ajouté.

« C’est une vision tellement naïve du monde – une vision qui est beaucoup plus facile à dire depuis le confort des privilèges qu’elle ne l’est à partir de la souffrance des pauvres. Si tel est le fondement de notre société, alors c’est un fondement faible qui s’effondrera au premier signe de mal et de souffrance », ironie le journaliste de Christian Today.

Le nouveau roi semble, en effet, dessiner les contours d’une religion humaniste en poursuivant : « alors, quelle que soit la foi que vous ayez, ou que vous n’en ayez aucune, c’est dans cette lumière vivifiante, et avec la véritable humilité qui réside dans notre service aux autres , que je crois que nous pouvons trouver de l’espoir pour l’avenir ».

« La vérité est que vous ne pouvez pas avoir la lumière qui éclaire chaque personne sans Christ. La religion du chef de l’Église d’Angleterre n’est pas la foi de la Bible. Ce n’est pas non plus la foi de Christ. Au lieu de cela, c’est la foi de l’humanisme Hallmark », rappelle David Robertson.

Le journaliste Gavin Ashenden estime pour sa part, dans les colonnes du Catholic Herald, que si « Charles va vraiment passer du statut de monarque protestant chrétien, sauvant l’establishment protestant schismatique des dangers du catholicisme, spirituel et politique, à un relativisme religieux du 21e siècle, ce n’est pas une mince affaire ».

« Ce n’est pas même un changement de vitesse ou un changement d’identité au sein d’une foi. C’est l’abandon de cette foi. »

« Le pérennialisme n’est pas le christianisme. L’observance multiconfessionnelle n’est pas le christianisme », poursuit le journaliste.

Il ajoute qu’en « abandonnant la foi qui a conçu, défini et soutenu le concept de monarchie, le roi Charles vient peut-être de semer les graines de la destruction de la maison de Windsor ».

De son côté, Christian Today qui appelle les chrétiens à ne pas « désespérer » face au discours du roi rappelle en conclusion qui est véritablement Jésus.

« Jésus n’est pas ‘une’ vérité. Il n’est pas ‘une’ lumière. Il n’est pas ‘un’ chemin. Il est le chemin, la vérité et la vie. Il est la Lumière du Monde. Puissiez-vous entrer dans cette nouvelle année en l’acceptant et en le suivant. »

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / Simon Ward Photography

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