Depuis la chute de l’ancien président syrien Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, les chrétiens du pays s’apprêtent à vivre leur seconde célébration de Noël dans quelques jours, malgré les difficultés économiques, sociales et migratoires persistantes.
Les rues des principales villes syriennes, en particulier dans les quartiers à forte population chrétienne, s'illuminent pour Noël, alors que les fidèles se réjouissent de célébrer la Nativité.
Mais sur place, les difficultés sont grandes et la situation économique reste très fragile pour les Syriens, y compris pour les chrétiens, deux ans après la chute de l’ancien président syrien Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024. "Récemment, les autorités ont augmenté le prix du gazole pour le chauffage et ont également augmenté le prix de l'électricité. Ces coûts absorbent jusqu'à trois quarts du salaire moyen d'un ouvrier", a confié Mgr Hannah Jallouf, vicaire apostolique d'Alep des Latins à VaticanNews.
À ces difficultés financières s’ajoute le déclin démographique du pays. "Les gens ont besoin de stabilité pour envisager de revenir", explique Mgr Hannah Jallouf, vicaire apostolique d’Alep des Latins, faisant référence à la nécessité de disposer d’un emploi et de vivre en sécurité. Cependant, "la menace intégriste" demeure, ajoute-t-il.
Un constat partagé par la secrétaire générale adjointe des affaires politiques de l'ONU. Dans un discours au Conseil de sécurité le 18 décembre, elle a déclaré concernant la Syrie que :
"Les espoirs et les attentes sont immenses, et les défis à venir le sont tout autant."
En effet, malgré le retour de plus d'un million de réfugiés et près de deux millions de déplacés à l'intérieur du pays, la levée progressive des sanctions économiques ou encore le rétablissement des institutions étatiques, les Syriens doivent faire "face à la dure réalité du quotidien". Les maisons sont endommagées ou détruites et les civils sont privés des services de base et ne trouvent pas d'emplois.
Face à la situation, le père Bahjat, prêtre franciscain, affirme que le rôle de chaque chrétien est "de diffuser le message de la réconciliation". Pour cela, il appelle les croyants du monde entier à les soutenir dans cette tâche.
Un Noël solidaire
Cette année, les chrétiens syriens comptent célébrer Noël en exprimant leur "solidarité envers tous ceux qui souffrent". Il s’agit des "réfugiés", des "pauvres", de "ceux qui n'ont rien" mais aussi de la communauté alaouite, touchée par des massacres de civils en mars dernier et envers les familles chrétiennes dont certains membres sont toujours portés disparus, rappelle Mgr Jaques Mourad, archevêque syriaque-catholique de Homs.
"Nous avons délibérément décidé de faire profil bas pour ces fêtes, en renonçant à de nombreuses manifestations publiques, afin de montrer notre solidarité envers tous ceux qui souffrent encore en Syrie, en particulier dans la communauté alaouite, mais aussi parmi les familles chrétiennes qui comptent de nombreuses personnes disparues. [...] Jésus incarne notre humanité souffrante et se montre solidaire avec nous : il a choisi d'être réfugié et pauvre, comme beaucoup d'entre nous, il n'a pas de maison et souffre du froid."
"Cette similitude avec Jésus, représente un appel pour tous les chrétiens à partager les difficultés de ceux qui n'ont rien", a poursuivi l'archevêque.
Les chrétiens du pays auront également une pensée pour le drame humanitaire en Palestine. Le père Bahjat a installé dans sa crèche une reproduction de celle de Bethléem afin de s’unir à la "souffrance" des Palestiniens.
"Dans notre crèche, qui conserve en arrière-plan les symboles du Jubilé de l'Espérance, nous avons choisi de placer une reproduction de la crèche de Bethléem. La Palestine a traversé des moments très difficiles cette année. C'est une façon de nous unir à cette souffrance, de nous souvenir de nos frères et sœurs victimes des bombardements à Gaza, et bien sûr aussi de nous unir à Bethléem, qui cette année a illuminé le sapin de Noël dans l'espoir d'un avenir meilleur."
Ainsi, le grand espoir pour les chrétiens syriens à cette veille de Noël est que Dieu leur "accorde une paix durable", conclu Mgr Hannah Jallouf.
Mélanie Boukorras