Entretien avec Pascal Portoukalian

Pascal Portoukalian dirige le web-magazine et la boutique en ligne Paul & Séphora (anciennement Séphora Musique). Il est porté par la « musique et le lifestyle chrétien », aime observer les multiples facettes de la vie quotidienne avec un regard imprégné de foi. Il partage régulièrement ses analyses sur Info Chrétienne en tant que chroniqueur. Nous sommes heureux de lui donner la parole cette fois pour mieux le découvrir.

• Peux-tu nous présenter Paul & Séphora ?

C‘est une structure qui a presque 40 ans. Elle s’appelait antérieurement Séphora Musique et travaillait à promouvoir et développer la musique chrétienne en francophonie. Fin 2015, trop restreints dans un nom qui contenait le mot « musique », et porteurs d’un nouvel appel qui nous amenait vers le « lifestyle chrétien » - la diversité des manières de recevoir, de vivre, de transmettre l’Evangile, nous avons changé de nom pour devenir Paul & Séphora.

Nous affirmons que la vie chrétienne n’est pas un art de vivre uniformisé Paul & Séphora est une boutique et un webmagazine chrétiens. Paul et Séphora sont deux personnages de la Bible, un homme et une femme, de l’Ancien et du Nouveau Testaments, avec des personnalités et des histoires très différentes. Ils symbolisent notre envie de valoriser la diversité des manières de vivre sa foi. Nous souhaitons faire passer l’idée que la foi chrétienne est d’abord quelque chose qui se vit, elle imprègne et irrigue tous les domaines de la vie quotidienne. Considérant que chaque personne est unique et créée par Dieu pour un plan précis, nous affirmons que la vie chrétienne n’est pas un art de vivre uniformisé, ni une culture, ni une mode, ni même un style de vie précis...

La vie chrétienne repose sur deux histoires d’amour : l’amour pour Dieu et l’amour pour son prochain. C’est pourquoi Paul & Séphora réunit sur un même site tous les produits permettant d’expérimenter et vivre ces appels à l’amour : d’une part des produits d’inspiration chrétienne pour découvrir ou approfondir sa foi ; et d’autre part des produits de tout horizon visant à bénir ou soutenir son prochain.

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• Quel a été le déclic qui a marqué le début de ton ministère ?

« Pourquoi pesez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas, pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? »J’avais 23 ans. J’étais en train de me former pour diriger un supermarché et j’ai été interpellé un jour par la lecture des premiers versets d’Esaïe 55 : « Pourquoi pesez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas, pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? » Ce verset a résonné en moi d’une manière forte : je vendais de l’alimentaire, et pourtant, j’avais tellement l’impression de ne pas nourrir les gens ! J’ai demandé à Dieu de s’occuper de résoudre ce conflit intérieur. Quelques jours après, je perdais ce travail contre toute attente, et j’ai alors développé le désir, puis la certitude, d’utiliser mes compétences professionnelles dans une structure chrétienne. C’est ainsi que je suis arrivé chez Séphora Musique pour prendre en charge l’aspect commercial et marketing, puis pour en prendre la direction quelques années après, et la faire évoluer en Paul & Séphora.

Je précise cependant qu’il n’est pas besoin d’être dans une structure dite « chrétienne » pour servir Dieu : il veut aussi des serviteurs dans les organisations séculières. Mais dans mon cas personnel, et à ce moment, il est apparu que c’est dans ce type de structure qu’il m’a appelé.

• Quel est le projet ou la réalisation dont tu es le plus fier ?

Fier, je ne sais pas. Mais je dirais que ce qui m’a apporté le plus de satisfaction, c’est lorsque j’ai décidé que tout ce que j’avais appartenait à Dieu. Lui donner sa vie est une chose. Lui dire que sa santé, sa réputation, sa maison, son compte bancaire, lui appartiennent en est une autre. Cela me pousse à l’humilité d’expérimenter sa grâce et ma dépendance à lui, et de lui remettre mes inquiétudes !

• Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise au travers de ton ministère ?

Jésus peut s’inscrire dans tous les modèles culturels
Je continue de l’apprendre et de le constater. C’est que Jésus n’est pas un animal qu’on dompte. On ne lui donne pas d’ordre, et on ne l’enferme pas. Les expressions de la foi, et les manières dont Dieu se révèlent peuvent être tellement variées ! Jésus peut s’inscrire dans tous les modèles culturels. Je suis émerveillé de voir que la Bible et le message de Christ peuvent être appropriés par tant de peuples et de personnalités différentes, dans des lieux et des époques si opposés les uns aux autres, sans jamais qu’ils aient besoin de s’imposer par la contrainte. Il faut être Dieu pour réussir ce tour de force !

• Quelles sont les personnes qui ont eu un rôle majeur tout au long de ton parcours ?

Des personnes ont eu confiance en moi et ont accepté de me laisser prendre des responsabilités. Leur prise de risques est précieuse ! Je sais que mes grand-mères priaient pour moi, que ma mère prie pour moi, que des personnes plus ou moins proches le font aussi. L’esprit d’entreprise de mon père, le soutien sans faille de mes parents, beaux-parents, sœur, collègues, l’amour de mon épouse et de mes enfants… cette force et cette stabilité dans mon environnement sont une base solide pour construire plus sereinement.

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• As-tu des modèles, des mentors, des personnes qui te poussent à aller de l’avant et à devenir meilleur ?

Oui, et en particulier des personnes qui ne me ressemblent pas, qui n’ont pas les mêmes codes que moi, et qui en règle générale aiment sortir de leur zone de confort pour aller au contact des publics, disons, plus difficiles. Ces personnalités me stimulent beaucoup !

• Quel conseil pourrais-tu donner à celles et ceux qui souhaitent se lancer dans la même voie que toi ?

Mêler l’aventure entrepreneuriale et le service pour Dieu est un assemblage d’incertitudes passionnantMêler l’aventure entrepreneuriale et le service pour Dieu est un assemblage d’incertitudes passionnant où il faut savoir être prêt aux revirements de situations et à adapter le cap ! En même temps, cette audace doit être équilibrée avec beaucoup d’humilité. L’audace sans l’humilité peut te faire à croire que tu es seul responsable de tes réussites : ça abime tes relations avec tes collègues, tes proches, tes contacts professionnels et Dieu, et au final, ta relation avec toi-même. L’humilité sans l’audace freine, voire bloque, la progression vers ta vision. Le bon dosage constitue un cocktail détonnant, parce qu’il t’amène à prendre des risques en osant le pas de la foi.

• Comment perçois-tu tes prochaines années dans le ministère ? Quels sont les projets qui te tiennent à cœur ?

En 2014, nous avons diversifié notre activité. En 2015, nous avons changé de nom et de communication, et ouvert un nouveau site. En 2016, nous avons mis en place un web-magazine. En 2017, nous lancerons une marketplace pour devenir une sorte d' »Amazon chrétien ». Je ne doute pas que d’autres projets verront le jour, et que Dieu ouvrira certaines portes et en fermera d’autres. Il place autour de moi les bonnes personnes, au bon moment ! Pour ce qui est de ma situation personnelle, il m’utilisera bien comme il le juge le plus pertinent ! A ta disposition, Seigneur !

• L’actualité est souvent troublée et triste. Chrétiens persécutés, société à la dérive, catastrophes naturelles, changements éthiques majeurs… Quelle est ta position face à ces événements ? Es-tu plutôt engagé, veilleur attentif, lanceur d’alerte, intercesseur ?…

Mon histoire familiale me rend sensible à la situation des chrétiens persécutés, puisque mes 4 grands-parents ont été les survivants d’un génocide perpétré principalement pour des raisons religieuses.

Je vois bien qu’une autre forme de persécution, plus sournoise, se met en place dans les sociétés occidentalesJe vois bien qu’une autre forme de persécution, plus sournoise, se met en place dans les sociétés occidentales. Celle-ci touche les chrétiens, mais aussi, plus globalement, les valeurs qui concourent au bien commun. Mon cheminement personnel m’a amené à vouloir œuvrer initialement pour dénoncer ce que j’ai vu ou compris. Puis j’ai compris que dénoncer ne suffisait pas, et que, ce dont notre société avait besoin, c’était une influence chrétienne plus forte. J’ai alors voulu apporter ma pierre à l’édifice pour une société plus juste, plus aimante, plus équitable, en somme : meilleure, en prolongeant cet engagement jusque dans ma vie professionnelle. Ainsi, ces idéaux n’en restent pas au stade de bonnes idées, mais s’incarnent dans une action concrète : promouvoir et diffuser des outils valorisant l’amour de Dieu et l’amour de son prochain.

Donc pour répondre à la question, mon histoire et ma personnalité m’amènent à équilibrer, alternativement ou simultanément, un peu tous ces rôles : engagé, veilleur attentif, lanceur d’alerte et intercesseur !

Pascal, merci d’avoir accepté de répondre à notre entretien. Merci pour ton engagement et pour ton coeur de serviteur. Que Dieu te bénisse et qu’il t’accompagne dans tes nouveaux projets !

La rédaction