Timothée Paton a donné sa vie à Jésus alors qu’il n’était qu’un très jeune enfant. Très tôt sa vie sera marquée par l’appel de Dieu pour servir, évangéliser et apporter de l’aide aux plus démunis. Il commencera son ministère en France, puis s’envolera pour le Cambodge. Il a accepté de répondre aux questions d’Info Chrétienne, et nous le remercions pour ses réponses qui révèlent sa consécration, qui nous encouragent à aller plus loin dans notre engagement au service du Seigneur et au service des autres.
- Peux-tu nous raconter ta rencontre avec Jésus ?
Je n’avais que 4 ans mais Dieu a fait de moi son discipleÇa s’est passé il y a 40 ans. J’avais 4 ans (vous savez maintenant mon âge !). À l’époque mes parents avaient ouvert une église évangélique à Gannat dans le Massif Central. Nous habitions au-dessus de cette petite assemblée. Tous les soirs, mon père et ma mère venaient dans la chambre que je partageais avec mon frère (âgé d’un an de plus que moi) pour finir la journée en priant. Je crois que l’on priait plus ou moins chaque soir la même prière. Mais ce soir-là ce fut différent. Après la prière habituelle, allongée dans mon lit, j’ai décidé de prier, encore une fois, mais alors cette fois-ci, pour donner ma vie à Jésus. Cette « deuxième prière » est celle qui a vraiment changé ma vie. Je n’avais que 4 ans mais Dieu a fait de moi son disciple. Mon frère a donné sa vie à Jésus à l’âge de 5 ans. Pour sa femme, c’était à l’âge de 3 ans.
Il y a des années, je me trouvais en Alsace à table avec une famille chrétienne. Je leur racontais justement ma conversion. L’un des enfants, Ivanoé, se tourne vers moi pour me dire que pour lui c’est à l’âge de deux ans et demi qu’il a donné son cœur à Jésus ! Aujourd’hui jeune adulte, Ivanoé est toujours très passionné pour Dieu. Personne n’est trop jeune pour le rencontrer !
- Quel a été le déclic qui a marqué le début de ton ministère ?
J’avais à peine 10 ansJ’avais à peine 10 ans. Nous faisions partie d’une assez grande église à Clermont-Ferrand. L’assemblée avait le privilège d’avoir Serge Gaillard comme pasteur. Un homme de Dieu remarquable qui a ouvert en France et en Afrique du Nord de nombreuses églises. Il était l’une des grandes figures du Pentecôtisme. Un jour, à la fin d’une réunion, il vient me voir et me demande :
« Timothée, si tu veux servir le Seigneur, j’ai quelque chose pour toi… ».
Ce géant de la foi me propose à moi, petit garçon, de servir Dieu ! Il ajoute :
« A la sortie de l’église, il y a un stand de prospectus d’évangélisation. Je cherche quelqu’un pour en être responsable. »
Il a vu mon intérêt et me conduisit dans une petite pièce à l’arrière de l’estrade.
« Il y a ici tout un stock de tracts en plusieurs langues : en français, en portugais, en espagnol, en arabe… Tous les dimanches avant le culte, il te faudra veiller à ce que les prospectus soient toujours disponibles pour les gens à la sortie. Tu prends un chiffon et de l’eau pour que la table de dépliants soit toujours propre. »
Je me sentais si privilégié. C’était comme si on venait de me demander d’être le chauffeur de la reine d’Angleterre !
Toutes les semaines pendant des années, j’ai pris ce travail avec le plus grand sérieux. 27 ou 28 ans plus tard, je me trouve dans une petite église dans le Sud de la France. Mme Gaillard, la veuve du célèbre pasteur est dans l’auditoire. Je saisis l’occasion avant de prêcher ce soir-là de partager à l’assemblée comment un homme de Dieu du nom de Serge Gaillard, confia un jour à un petit garçon un service pour Dieu.
- La vie est parfois soumise aux épreuves. Serais-tu d’accord d’en partager une avec nous, et surtout de nous faire découvrir de quelle manière tu l’as surmontée avec la grâce de Dieu ?
Après 15 ans jour pour jour au Cambodge, je quittais le pays et embrassais mes amis que je ne pensais plus jamais revoir. 18 mois auparavant, j’étais entré droit dans le mur : épuisement extrême à deux doigts d’un AVC. Je quittais le Cambodge pour la Suisse avec mes seuls biens au monde : deux valises. C’est à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs que j’ai pu retrouver des forces et en même temps suivre une formation en communication. Un cadeau de Dieu que de voir chaque jour de ma chambre la vue magnifique du Lac Léman et des Alpes françaises.
Le danger après un burnout, c’est de s’isolerIl y a trois facteurs essentiels qui m’ont permis de me remettre sur pieds : tout d’abord la vie en communauté. Le danger après un burnout, c’est de s’isoler. De me retrouver tous les jours avec des frères et sœurs dans la foi, autour d’un repas ou en classe m’a permis de ne pas décrocher. Puis d’avoir des partenaires de prière : je retrouvais régulièrement Marc Gallay, pasteur au Gospel Center à Lausanne, Anni un frère Malgache ou Yann un ami français récemment converti, pour prier. Le jour où vous trouvez un partenaire de prière, vous avez trouvé un trésor. La clé pour que ces rendez-vous soient profitables, c’est de parler peu et d’intercéder beaucoup.
Et troisièmement : écouter de bons sermons. Pendant ce temps en Suisse, je n’ai, je crois, jamais autant écouter de prédications. Allongé sur mon lit, souvent encore « au fond du trou », j’écoutai des messages édifiants. Parfois il semblait que ma condition ne s’améliorait pas, et pourtant l’Esprit de Dieu prenait les paroles de ces prédications pour restaurer mon âme.
A la fin de cette longue période sabbatique, Dieu m’a donné un nouvel amour pour le Cambodge. En novembre 2015, muni de mes deux valises j’atterrissais de nouveau à Phnom Penh.
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- Quel est le projet ou la réalisation dont tu es le plus fier ?
Sortir définitivement de la rue des dizaines de garçons et de fillesProbablement celle qui a permis à des dizaines de garçons et de filles de sortir définitivement de la rue. C’était en 2004. J’étais frustré que l’on ne trouve pas de vraies solutions pour aider ces enfants qui passent une grande partie de leur journée à fouiller les sacs-poubelles le long des rues et des routes de la capitale cambodgienne, pour y trouver des bricoles à revendre et gagner un peu d’argent. Les parents savaient très bien que ce travail à la rue n’assurerait à leurs enfants aucun avenir et que les risques d’accidents et même d’enlèvements étaient très élevés.
Le Seigneur m’a donné l’idée d’écrire un contrat que les parents des enfants à la rue et les bénévoles de l’association signeraient. Si les parents n’envoyaient pas leur enfant travailler dans les rues, l’association leur remettrait la même somme d’argent que gagnait leur fils ou leur fille. Le jeune garçon Va fut le tout premier à être parrainé.
À l’époque, Va vivait dans le bidonville et n’allait pas à l’école. Il se levait tous les matins à 3 heures pour tirer sa petite charrette. Je me souviens quand sa maman a signé le contrat. C’était comme si les chaines de l’esclavage venaient d’être brisées des mains de Va. Il a vendu le jour suivant sa charrette. Il est retourné à l’école. Il a trouvé plus tard un travail et a rencontré Chanty qui deviendra son épouse.
- Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise au travers de ton ministère ?
Le véritable ministère est celui d’aller à la rencontre des gens, écouter leur histoire et les aimer tels qui sontJ’ai vite compris en arrivant au Cambodge que l’on peut rapidement être pris dans le monde des ONG. On peut finir par passer beaucoup de son temps de réunion en réunion, d’un comité à un autre, à parler budget, programmes et à écrire des comptes rendus que personne ne lira. Le véritable ministère est celui d’aller à la rencontre des gens, écouter leur histoire et les aimer tels qui sont. À la fin de ma vie ce qui va vraiment compter, ce n’est pas le nombre de réunions de travail auxquelles j’aurai participées, mais le nombre d’hommes et de femmes, de jeunes et d’enfants que j’aurai, par mon témoignage et ma foi, influencer.
Tous les matins quand je suis à Kep au Sud du Cambodge, je retrouve M. Roth, le jardinier. Il s’est fait récemment baptiser dans la mer. Je lui lis un court passage de la Bible (il ne sait pas lire) et on prie ensemble. Il grandit tous les jours un peu plus dans sa foi. Faire des disciples est le meilleur ministère qui soit.
- Quelles sont les personnes qui ont eu un rôle majeur tout au long de ton parcours ?
Mes parents sont sans aucun doute ceux qui m’ont le plus inspiré dans mon service pour Dieu Mes parents sont sans aucun doute ceux qui m’ont le plus inspiré dans mon service pour Dieu. Leur consécration, leur humilité, leur amour pour les perdus, leur vie de prière et leur dépendance de Dieu ont laissé une marque indélébile sur ma vie. Leur engagement aujourd’hui dans les quartiers peu fréquentables de Tourcoing et de Roubaix dans le Nord de la France est une énorme source d’inspiration.
Jackie Pullinger à Hong Kong, Bill Wilson à New York, Luis Palau en Argentine et à travers le monde, Mark et Huldha Buntain à Calcutta, Sam Childers au Sud Soudan font partie d’une longue liste de héros qui au cours de ma vie m’ont boosté à croire au Dieu de l’impossible.
- Quel est le personnage biblique qui est une source d’inspiration pour toi ? Et pourquoi ?
En ce moment, c’est Gédéon. Il fuit devant l’armée des Médianites, il se cache au fond d’un pressoir à vin, il se considère comme le dernier des derniers de sa famille et le plus faible de son clan. Personne n’aurait parié sur Gédéon.
Dieu aime prendre ceux qui sont insignifiants, craintifs et fragiles pour en faire des battants.
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Ton passé douloureux, ton niveau scolaire en-dessous de la moyenne, tes faibles moyens financiers ne déterminent en aucun cas ton identité et ta destinée.
« Va avec la force que tu as, n’est-ce pas moi qui t’envoie ? »
Juges 6 v 14
- Quel conseil pourrais-tu donner à celles et ceux qui souhaitent se lancer dans la même voie que toi ?
Ne perds pas la seule vie que Dieu t’a offerte !Ne perds pas la seule vie que Dieu t’a offerte ! Quand je vois les heures que passent chaque jour les gens devant leurs écrans, je me demande s’ils ont encore découvert l’aventure formidable qui les attend. Si seulement ils pouvaient quitter le virtuel pour le réel et le surnaturel ! Dans 50 ou 60 ans il y aura toute une génération de chrétiens qui vont se réveiller pour découvrir à la fin de leur vie qu’ils viennent de passer à côté de la seule vie qu’il leur a été donné. Le réveil sera terrible…
Je vous invite à quitter la plage, à répondre à l’invitation de Jésus et à lancer vos filets dans les eaux profondes. La plus belle vie qui soit est au service de Dieu et au service des autres, au milieu du lac.
Timothée, nous te remercions d’avoir accepté de révéler une partie de ton cheminement et de ton engagement auprès des communautés au Cambodge, et de nous avoir encourager à « Quitter la plage », et à entrer dans l’appel de Dieu pour nos vies. Que le Seigneur te bénisse.
La rédaction