Espagne : des leaders évangéliques publient un manifeste pour une Église "juste, intègre et restauratrice"
"La vérité nous rend libres" : c’est par cette conviction biblique qu’un collectif de responsables évangéliques espagnols entend répondre aux abus révélés dans plusieurs églises du pays. Le groupe a publié un manifeste le 3 juillet qui appelle à la justice, à la transparence et à une prise en compte prioritaire des victimes.
Face à plusieurs cas récents d’abus sexuels, d’immoralité et de dérives de pouvoir spirituel dans la communauté évangélique espagnole, un groupe de dirigeants influents, de représentants de dénominations et d’organisations missionnaires a réagi par la publication le 3 juillet d’un manifeste intitulé "Pour une Église intègre, juste et restauratrice".
À la suite de plusieurs réunions, une trentaine de leaders évangéliques ont ainsi décidé de rendre publique cette déclaration commune à l’adresse des églises, des ministères, des croyants, des médias et de la société en général. Ce document se veut représentatif de la grande majorité du protestantisme évangélique espagnol. Il s’appuie sur le Psaume 15 et a été diffusé notamment par l’Alliance évangélique espagnole (AEE), un organisme interconfessionnel qui représente les évangéliques d’Espagne au sein de l’Alliance évangélique européenne (EEA) et de l’Alliance évangélique mondiale (WEA).
Le manifeste est également soutenu par le site d’information Protestante Digital ainsi que par le média Evangelical Focus, qui figurent parmi les premiers signataires.
Le texte rappelle plusieurs principes fondamentaux. S’appuyant sur Jean 8:32, il affirme que "la vérité rend libre" et qu’il est impossible de construire le Royaume de Dieu sur "le déni, la complicité ou le silence". Il insiste sur l’appel biblique à "la justice et la miséricorde", selon Michée 6:8, en soulignant la nécessité de protéger les plus vulnérables, notamment lorsque les abus sont commis par des personnes en position d’autorité spirituelle. Le manifeste affirme également que "les victimes d’abus sont une responsabilité spirituelle et humaine, et non un danger pour la réputation des institutions". Enfin, il rappelle que "le repentir véritable implique des actions concrètes de réparation, de discipline et de changement, et non de simples déclarations".
Un engagement pour des Églises plus sûres
Les signataires expriment leur engagement à œuvrer pour la création d’espaces sûrs dans les églises, où les victimes pourront être "écoutées, crues et accompagnées sans jugement ni revictimisation". Ils souhaitent aussi renforcer la formation à la prévention des abus et à la gestion des plaintes, mettre en place des protocoles d’intervention clairs en cas de dérives, et défendre "la transparence et la redevabilité" comme piliers essentiels du leadership chrétien. Le texte cite Luc 12:2-3 : "rien n’est caché qui ne doive être révélé", pour souligner l’importance d’un fonctionnement ecclésial intègre et responsable.
Le manifeste exhorte également l’ensemble des églises, ministères et organisations évangéliques à "briser la culture du silence" qui permet aux abus de se reproduire et nuit gravement au témoignage de l’Évangile. Il les appelle à placer la priorité sur le bien-être des victimes plutôt que sur la sauvegarde de l’image des institutions. Il encourage aussi la collaboration avec les autorités civiles lorsque cela est nécessaire, conformément à Romains 13:1-5, ainsi qu’un examen honnête des pratiques internes pouvant favoriser les abus.
Le texte se conclut par une citation de Proverbes 28:13 : "Celui qui cache ses fautes ne prospérera pas ; mais celui qui les avoue et s’en détourne obtiendra miséricorde". Cette parole biblique résume l’esprit du manifeste : celui d’un appel collectif à emprunter "le chemin difficile mais juste de la vérité, de la transparence et de la responsabilité".
Camille Westphal Perrier
