
Trois personnes ont été tuées samedi lors d'une attaque contre une église orthodoxe dans le sud de l'Ethiopie, a annoncé un média lié à ce culte.
Deux jeunes ont été tués et quatre autres personnes grièvement blessées à Shashemene, dans la région d'Oromia, selon le Tewahedo Media Center (TMC), organe de l'Église orthodoxe dans ce pays. Abune Henok, l'archevêque du diocèse d'Addis Abeba, a qualifié cette attaque de "honteuse et déchirante".
Le TMC a par la suite affirmé qu'une femme avait en outre péri sous les tirs d'un sniper provenant d'immeubles proches de l'église, et que d'autres personnes avaient été blessées.
Le TMC a accusé les forces de sécurité d'avoir mené cette attaque dans la ville située à environ 250 kilomètres au sud de la capitale. Il était impossible dans l'immédiat de vérifier ces informations de manière indépendante.
L'archevêque Abune Henok a appelé les autorités d'Oromia, la région la plus étendue d'Éthiopie, à cesser la "persécution" des chrétiens orthodoxes, selon le TMC.
Une déclaration publiée par le Saint-Synode a ensuite invité le clergé et les fidèles à porter du noir en signe de protestation, et a appelé à des manifestations pacifiques dans les églises du pays et de l'étranger le 12 février.
Cet incident survient dans un contexte de tensions au sein de l'Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo, après que des évêques rebelles ont créé le mois dernier leur propre synode dans la région d'Oromia, la plus peuplée du pays.
"Leur propre vérité"
L'unité de cette Église, l'une des plus anciennes au monde et qui compte environ 40% des 115 millions d'Ethiopiens, est dès lors menacée.
L'Église Tewahedo, dirigée par le patriarche Abune Mathias depuis une décennie, a déclaré la scission illégale et excommunié les évêques impliqués. L'Église a également accusé le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed d'interférer dans ses affaires et de faire des déclarations qui de fait reconnaissent le "groupe illégitime".
M. Abiy, lui-même issu de la communauté Oromo, a appelé cette semaine les responsables au dialogue et affirmé que les deux parties avaient "leur propre vérité". Les prêtres dissidents accusent l'Église de discrimination et d'hégémonie linguistique et culturelle, en faisant valoir qu'elle ne s'adresse pas aux congrégations en Oromia dans leur langue maternelle, des plaintes balayées par le patriarcat.
Le Conseil œcuménique des Églises (COE) a publié vendredi une déclaration exprimant sa "profonde inquiétude" face aux tensions au sein de l'institution éthiopienne. "Nous appelons tous les dirigeants politiques d'Éthiopie à soutenir l'Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo dans ses eforts pour parvenir à l'unité et à la paix entre ses membres", a déclaré le secrétaire général du COE, Jerry Pillay.
La Rédaction (avec AFP)
Crédit image : AMANUEL SILESHI / AFP
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