Fin de vie : La réponse des responsables protestants et catholiques français

Shutterstock_1603916812.jpg

Alors que le président de la République vient d’annoncer le lancement d’une consultation citoyenne sur la fin de vie, la Fédération protestante de France veut participer au débat et rappelle « les principes structurants qui guident sa réflexion éthique » à ce sujet. Les évêques français se prononcent, eux, contre l’euthanasie dans une tribune publiée dans Le Monde. 

Mardi dernier, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une large consultation citoyenne sur la fin de vie en vue d’un possible nouveau « cadre légal » d’ici la fin 2023.

Cette annonce, qui survient alors que pour la première fois le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est dit favorable à la légalisation de l’euthanasie, a fait réagir les représentant des cultes protestants et catholiques.

La Fédération protestante de France (FPF) a notamment publié un communiqué en réponse au rapport du CCNE.

Crainte de « raisons économiques ou idéologiques »

Dans ce document, les protestants affirment saluer « l’encouragement du CCNE à déployer les mesures de santé publique nécessaires au développement des soins palliatifs ainsi qu’à une meilleure connaissance et application de la loi Leonetti-Clayes ». Ils écrivent également prendre acte « des réserves exprimées par huit membres du CCNE » et partager « la crainte » que « l’évolution législative proposée soit principalement motivée par des raisons économiques ou idéologiques ».

La FPF ajoute soutenir « la perspective d’une convention citoyenne et d’un grand débat national » et a annoncé qu’en concertation avec les autres Responsables des Cultes en France, elle participera au débat « de manière active ».

En conclusion, la FPF rappelle « les quatre principes structurants qui guident sa réflexion éthique à propos de la fin de vie » :

  • Dieu est à l’origine de toute vie. Pour les chrétiens, la dignité est intrinsèque à toute personne parce que créée à l’image de Dieu ; elle ne s’acquiert, ni ne se perd.
  • La vie est un don, une grâce. Elle s’inscrit dans une interdépendance, où chacun est, à la fois et successivement, aidé et aidant.
  • La finitude est un élément structurant de la condition humaine.
  • Le principe de la compassion fraternelle avec les plus vulnérables.

Les évêques de France se sont également prononcés à ce sujet en publiant le 16 septembre une Tribune contre l’euthanasie dans le journal Le Monde.

« Nous entendons les interrogations de notre société. Nous sommes sensibles aux souffrances de personnes malades en fin de vie ou très sévèrement atteintes de pathologies graves. Nous percevons les détresses de leur entourage, bouleversé par leurs souffrances, voire désespéré par un sentiment d’impuissance. Nous savons bien que les questions de la fin de vie et de l’approche de la mort ne peuvent pas être abordées de manière simpliste », écrivent-ils en ouverture.

Solidarité et fraternité

Ce plaidoyer est surtout un appel au développement des unités de soins palliatifs. Les évêques rappellent en effet que depuis « plusieurs décennies, un équilibre s’est progressivement trouvé dans notre pays pour éviter l’acharnement thérapeutique et promouvoir les soins palliatifs ». Ils estiment en outre que ces soins « ont fait progresser la solidarité et la fraternité dans notre pays ».

Toutefois, ils notent que ces soins « sont encore absents d’un quart des départements français », appelant à l’instar du CCNE à faire disparaître ces « déserts palliatifs ».

Les signataires de cette tribune exhortent également les autorités à ne pas aborder cette question « si sensible et si délicat », « sous la pression » et à prendre en compte le résultat d’une réflexion collective.

« Il est nécessaire d’écouter sérieusement et sereinement les soignants, les associations de malades, les accompagnants, les philosophes, les différentes traditions religieuses pour garantir les conditions d’un authentique discernement démocratique. »

« Les réponses que nous saurons collectivement y apporter conditionnent notre capacité à promouvoir une authentique fraternité », écrivent-ils en conclusion rappelant que cela ne peut se construire « que dans une exigence d’humanité où chaque vie humaine est respectée, accompagnée, honorée ».

Camille Westphal Perrier


Dans la rubrique Société >



Les nouvelles récentes >