
Suite à l’adoption en première lecture du projet de loi sur l’aide à mourir par l’Assemblée nationale, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a publié un communiqué dans lequel il exprime sa tristesse face à une législation qu’il estime contraire à la protection des plus vulnérables. L'organisation évangélique se dit toutefois favorable aux avancées en matière de soins palliatifs.
Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a réagi au vote de l’Assemblée nationale en exprimant sa vive inquiétude face au projet de loi ouvrant un droit à l’aide à mourir. Dans un communiqué publié dans la foulée du scrutin, l’organisation évangélique marque son opposition à ce texte, qu’elle juge incompatible avec sa vision de la dignité humaine, inaltérable quel que soit l’état de santé, l’âge ou les capacités des personnes concernées.
"Dieu nous a créés en donnant à tous une valeur égale et inaltérable", rappelle le CNEF, déplorant que ce texte légitime, selon lui, la possibilité de "donner la mort" à des personnes vulnérables. Le message insiste sur le devoir moral, hérité de l'Évangile, d’aimer et de prendre soin des plus fragiles.
Malgré ce désaccord, le CNEF salue néanmoins les avancées concernant les soins palliatifs, également votées à l’unanimité par les députés, qu’il considère comme un levier éthique pour accompagner dignement les personnes en fin de vie sans recourir à la mort provoquée.
Ce projet de loi, adopté en première lecture par 305 voix contre 199 mardi, est portée par le député MoDem Olivier Falorni et soutenue par le président de la République Emmanuel Macron. Il légalise donc le suicide assisté, et de manière exceptionnelle l'euthanasie, sans pour autant que ces mots jugés connotés négativement ne figurent dans le texte. Il définit cinq critères cumulatifs, dont le fait d'être atteint "d'une affection grave et incurable" qui "engage le pronostic vital, en phase avancée" ou "terminale", et présentant "une souffrance physique ou psychologique constante".
Un texte qui reste clivant, tant dans l'hémicycle qu'au sein de la société civile. Même si chaque groupe a laissé la liberté de vote à ses membres, sur un sujet qui touche aux convictions intimes et au vécu de chacun, l'hémicycle s'est grosso modo partagé entre d'un côté la gauche et le "bloc central", majoritairement favorables au texte, de l'autre la droite et l'extrême droite, hostiles.
Le Premier ministre François Bayrou, historiquement réticent à l'aide à mourir, avait fait part mardi matin de ses "interrogations" sur le texte et indiqué que s'il était député, il "s'abstiendrai(t)". Mais il a aussi dit sa "confiance dans la démarche parlementaire pour que toutes les interrogations soient levées", alors que la navette entre les deux chambres est loin d'être achevée.
Au cours de leurs explications de vote, les députés ont souligné la gravité du moment, et salué la qualité des deux semaines de débats.
Le CNEF poursuit aujourd’hui son travail de plaidoyer auprès des sénateurs, qui devront prochainement examiner ce texte. Il appelle à un dialogue constructif tout en confiant sa position et la suite des événements "entre les mains de Dieu". "Nous prions pour notre pays", conclut le communiqué.
Le vote définitif pourrait intervenir d’ici à 2027, comme l’a récemment souhaité la ministre de la Santé, Catherine Vautrin.
Camille Westphal Perrier (avec AFP)