Dans un article d'opinion publié dans le Washington Times le 10 novembre, Robert Wilkie, sous-secrétaire à la Défense sous la première administration Trump, alerte sur le génocide des civils de la région du Tigré en Éthiopie, dont 90 % sont chrétiens. Rappelant que le pays est le "berceau du christianisme", il demande au gouvernement américain d'agir "avec fermeté" pour arrêter les massacres.
"Berceau du christianisme africain, terre de la reine de Saba, du royaume d'Axoum et de l'Arche d'Alliance, ses églises rupestres, plus anciennes que nombre de cathédrales européennes, comptent parmi les lieux les plus sacrés au monde."
C’est par ces mots que Robert Wilkie, sous-secrétaire à la Défense sous la première administration Trump, a décrit l’importance de la région du Tigré en Éthiopie dans l’histoire du christianisme, pour le Washington Times, le 10 novembre dernier.
La région n’est pas uniquement connue pour son histoire et sa culture mais également pour la guerre de 2020 à 2022, qui a fait près de 800 000 victimes, parmi lesquelles de nombreux civils. Le conflit a opposé majoritairement le gouvernement fédéral éthiopien au gouvernement régional du Tigré. Mais même après la fin officielle de la guerre, des exactions continuent d'être signalées dans la région et la paix reste fragile.
Dans son Rapport mondial 2025, l'organisation Human Rights Watch (HRW) dénonce une situation "désastreuse" dans le pays. Dans la région du Tigré, HRW dénonce des viols et des violences sexuelles contre des femmes et des filles, des enlèvements, des pillages mais aussi un déplacement massif de dizaines de milliers de civils vers la région voisine de l’Amhara.
"La situation des droits humains en Éthiopie est restée désastreuse, les forces gouvernementales, les milices et des groupes armés non étatiques commettant de graves abus dans les zones de conflit et ailleurs dans le pays."
L’année dernière, le New Lines Institute a publié un rapport justifiant l’emploi du terme de "génocide" pour qualifier le massacre des Tigréens, majoritairement chrétiens orthodoxes, avec une petite minorité musulmane. Ils représentent environ 6 % de la population éthiopienne, estimée à 120 millions d’habitants.
"Il existe des motifs raisonnables de croire que les membres des Forces armées érythréennes, des Forces spéciales de la région Amhara et des Forces de défense nationales éthiopiennes ont commis au moins quatre actes constituant le crime de génocide : tuer des Tigréens, leur infliger des dommages corporels ou mentaux graves, leur imposer délibérément des conditions de vie destinées à les détruire et imposer des mesures visant à empêcher les naissances parmi les Tigréens", est-il écrit.
"Les États-Unis doivent agir immédiatement et avec fermeté"
Depuis le début du conflit en 2020, des églises ont été volontairement détruites, des religieux enlevés et tués, des civils chrétiens exécutés et des objets cultuels tels que des croix et d’anciens manuscrits ont été volés, rapporte Robert Wilkie. "Si nous perdons l'Éthiopie, nous perdons l'un des plus anciens bastions du christianisme", a-t-il ajouté.
Face à cette situation, l'ancien sous-secrétaire à la Défense somme le gouvernement américain de reconnaître "officiellement" le génocide au Tigré, d’imposer des sanctions ciblées aux responsables éthiopiens, érythréens et étrangers impliqués dans cette tragédie, d'établir des couloirs humanitaires sécurisés pour apporter des denrées alimentaires et de protéger le patrimoine chrétien restant.
"Le peuple du Tigré ne réclame pas de soldats américains. Il réclame la voix de l'Amérique. Nous devons la faire entendre maintenant, avant que l'une des plus anciennes civilisations chrétiennes au monde ne disparaisse, emportant avec elle un pilier de la foi et de la liberté."
L’Éthiopie est classée 33e dans l’Index Mondial de la Persécution des Chrétiens 2025. Dans le pays, "tous les chrétiens, quelle que soit leur dénomination, sont victimes d’intolérance, de discrimination et de persécution", rapporte l’organisation.
"Les évangéliques sont pris pour cible par des foules en colère dirigées par des islamistes, leurs maisons et leurs églises étant incendiées. Dans les zones de conflits, les chrétiens sont particulièrement victimes de violences et de déplacements forcés."
Mélanie Boukorras