
Le 21 avril, le Conseil chrétien de toute l’Inde a appelé à des sanctions immédiates contre des policiers accusés d’avoir brutalement agressé des chrétiens dans une église du district de Gajapati, en Odisha. Une enquête indépendante révèle de graves violations des droits humains et des atteintes à la liberté religieuse.
Une intervention policière censée cibler des plantations illégales de marijuana a dégénéré en attaque violente contre des chrétiens dans l’État d’Odisha, à l’est de l’Inde. Les faits, rapportés par International Christian Concern, se sont déroulés le 22 mars dernier dans le village de Juba, dans le district de Gajapati, lorsque des policiers ont investi sans mandat l’église catholique locale.
Le 9 avril, une équipe d’enquête composée d’avocats et d’activistes sociaux s’est rendue sur les lieux. Leur rapport, accablant, fait état de coups infligés à des femmes, des enfants et deux prêtres catholiques. L’un d’eux a perdu connaissance après avoir subi une fracture à l’épaule. Des statues de Jésus et de Marie auraient été brisées, et des biens personnels comme des motos, des téléviseurs, du riz ou encore des volailles ont également été détruits ou dérobés.
Les policiers auraient aussi proféré des insultes à caractère religieux et nationaliste, qualifiant les prêtres de "Pakistanais" et les accusant de conversions forcées. Selon les témoignages, les forces de l’ordre auraient traîné deux jeunes femmes et deux fillettes hors de l’église, en les frappant, puis les auraient menacées et humiliées publiquement. Une mère en deuil et sa fille adolescente auraient également été agressées.
Le Conseil chrétien de toute l’Inde, par la voix de l’évêque Dr P. R. Parichha, a dénoncé une "action illégale de policiers sans conscience" et a demandé la suspension immédiate des agents impliqués. Dans une lettre adressée au Directeur Général de la police de l’État, le Conseil rappelle les multiples violations des droits fondamentaux : l’article 25 de la Constitution indienne (liberté religieuse), les articles protégeant les femmes, les enfants et les minorités tribales, ainsi que la législation sur la profanation des lieux de culte.
Plus de 20 jours après les faits, aucune mesure disciplinaire n’a été prise contre les policiers mis en cause. Le rapport d’enquête appelle à une action urgente contre ces "éléments criminels au sein de la police, mus par des préjugés religieux et de caste".
Cet événement souligne une fois de plus la vulnérabilité des minorités chrétiennes en Inde, en particulier dans les zones rurales où des violences religieuses sont régulièrement commises dans l’impunité la plus totale.
Camille Westphal Perrier