
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a rendu une rare visite à l'État de Manipur (nord-est), le 13 septembre dernier. Depuis deux ans, le conflit qui oppose la majorité hindoue et la minorité chrétienne a fait plus de 60 000 déplacés et plus de 200 morts.
Frontalière de la Birmanie, l'État de Manipur est le foyer d'un conflit entre la communauté hindoue des Metei, majoritaire, et la minorité des Kuki, principalement de religion chrétienne.
Depuis deux ans, le conflit ethno-religieux a fait plus de 60 000 déplacés et plus de 200 morts. Les chrétiens des deux groupes ethniques sont devenus des "cibles" pour la majorité hindoue. Ils sont régulièrement attaqués et certains subissent des pressions pour se convertir.
Des milliers de chrétiens ont été déplacés, certains ont été tués, des dizaines d’églises ont été détruites, rapporte l'ONG Portes Ouvertes. "Ce qui n’était au départ qu’un différend entre deux tribus a pris une dimension religieuse inquiétante, les chrétiens étant pris pour cible par tous les groupes ethniques" ajoute-t-elle.
La précédente visite du chef du gouvernement ultranationaliste hindou, élu en 2014 à la tête du pays le plus peuplé de la planète, remontait à 2022. Lors d'un discours prononcé devant des milliers de personnes à Churachandpur, à majorité chrétienne, il a aussi appelé "tous les groupes à prendre le chemin de la paix pour concrétiser leurs rêves".
Narendra Modi a lancé une série de projets d'infrastructures d'un montant estimé à 960 millions de dollars, notamment cinq autoroutes et un nouveau quartier général de la police. "Le gouvernement de l'Inde fait tout ce qui est en son pouvoir pour que la vie revienne à son cours normal dans le Manipur", a déclaré M. Modi.
Issu du Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre, l'ancien chef de l'exécutif du Manipur, N. Biren Singh, a démissionné en février, cible de violentes critiques qui lui reprochaient son incapacité à mettre un terme au conflit. L'État et ses trois millions d'habitants ont été depuis placés sous la tutelle directe de New Delhi.
Meitei et Kuki se disputent l'accès aux emplois publics et à la terre. Les ONG de défense des droits humains accusent les responsables locaux d'exacerber leurs tensions à des fins politiques.
Après le Manipur, Narendra Modi doit poursuivre sa tournée dans les États voisins d'Assam, à la frontière du Bangladesh, et du Bihar, considéré comme le plus pauvre d'Inde. Des élections locales très attendues y sont prévues en octobre ou en novembre.
Le Bihar est le seul État indien que le parti du Premier ministre n'a jamais dirigé seul. M. Modi devrait y arriver les mains pleines d'investissements en matière d'agriculture et d'infrastructures, pour un montant de 8 milliards de dollars.
La Rédaction (avec AFP)