
Le 21 juin, dans le district de Malkangiri, dans l'État d'Odisha, des centaines de nationalistes hindous ont attaqué vingt familles chrétiennes alors qu'elles partageaient un repas. Huit personnes ont été gravement blessées.
Une violente attaque s’est produite le 21 juin dans l'État d’Odisha, au sud de l’Inde rapporte International Christian Concern (ICC). Une foule de plusieurs centaines de nationalistes hindous a pris pour cible vingt familles chrétiennes issues de trois villages isolés de la région de Malkangiri. Ces familles se rassemblaient pour déjeuner ensemble lorsqu’elles ont été brutalement prises à partie par des hommes armés de bâtons et d’objets tranchants.
Huit personnes ont été grièvement blessées, certaines souffrant de traumatismes crâniens qui ont nécessité une hospitalisation. En raison de l’isolement des villages, l’alerte n’a été donnée que tardivement, lorsqu’un rescapé a réussi à contacter un pasteur de la région. Celui-ci a alors pris l’initiative de faire évacuer les blessés vers l’hôpital du district.
Malgré le dépôt d’une plainte, les forces de l’ordre n’ont pris aucune mesure contre les agresseurs présumés. Une délégation composée de plusieurs organisations chrétiennes, dont le Rashtriya Christian Morcha, le Malkangiri District Christian Manch, la Progressive Christian Alliance, le Council of Evangelical Churches in India et l’Alliance Defending Freedom, s’est rendue sur place pour soutenir les victimes et interpeller les autorités. Accompagnés d’avocats, les représentants chrétiens ont demandé des explications au chef de la police locale sur l’absence de poursuites.
Pallab Lima, secrétaire général du Rashtriya Christian Morcha, a souligné que les tensions dans cette zone étaient croissantes depuis plusieurs mois. Il dénonce les pressions exercées par des groupes hindouistes radicaux pour contraindre les chrétiens à se convertir à l’hindouisme. Une campagne nommée "Sanskriti Bachao Abhiyan", ou "Sauvons la culture", serait utilisée comme prétexte pour mener ces actions.
Les autorités locales ont tenté de minimiser l'incident, évoquant un simple conflit familial. "L’incident a été déclenché par une dispute entre deux frères, l’un chrétien, l’autre hindou", a déclaré Rigan Kinda, inspecteur de la police de Malkangiri. Mais les responsables chrétiens accusent directement la Bajrang Dal, une organisation nationaliste hindoue, d’être à l’origine de l’attaque. Cette organisation est connue pour cibler les minorités chrétiennes, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP) dans l'État.
L’Inde se classe au 11e rang de l’Index mondial de persécution des chrétiens publié par l’ONG Portes Ouvertes. L'organisation évoque des violences fréquentes et les lois anti-conversion qui se multiplient dans les État. Depuis juin 2024, les membres du gouvernement peuvent même adhérer à la milice nationaliste hindoue RSS.
Les convertis d’origine hindoue sont particulièrement vulnérables et régulièrement victimes de campagnes de reconversion forcée à l’hindouisme, connues sous le nom de "Ghar Wapsi". L’accès à l’emploi et aux soins leur est également rendu difficile dans plusieurs régions.
Camille Westphal Perrier