Après avoir hébergé le Rolex Masters de Paris pendant presque quarante ans, le palais omnisports de Paris-Bercy laisse désormais place à l’imposante Défense Arena, nouveau haut lieu de l'événement sportif. Jusqu’au 2 novembre, cette dernière va donc accueillir l’élite du tennis masculin mondial et pour l’occasion, la Rédaction de Plus Que Sportifs est allée mener son enquête sur la place de la foi chrétienne parmi ses meilleurs représentants.
En ce 28 octobre, dans les larges couloirs entourant le tout nouveau court central de 17500 places, la foule s’agite comme dans une fourmilière. Au milieu de ce beau monde, un certain Steve ne passe pas inaperçu et sa petite croix chrétienne attachée à une chaîne attire même notre attention :
"J’ai l’habitude de voyager à travers le monde pour voir du tennis et je peux déjà vous affirmer que j’ai rarement vu un complexe aussi beau avec autant de monde…"
Avec son accent chantant mais dans un français quasi parfait, cet Américain de soixante-dix ans nous lâche alors :
" Ah ! Vous cherchez à voir jouer des tennismen chrétiens ? De ce côté-là, malheureusement, il n’y aura pas foule…"
Si le tennis n’est pas connu pour être le sport le plus expressif en termes de foi chrétienne, nous ne nous attendions pas à un tel coup de froid. Pour cause, dans notre esprit, les exemples historiques ne manquent pas et, à l’image du jeune américain Michael Chang, vainqueur de Roland Garros en 1989 à seulement 17 ans, et qui avait touché le monde entier en déclarant juste après son titre : "Je remercie le Seigneur Jésus-Christ, car sans Lui, je ne suis rien", nous pensions bien trouver ici quelques-uns de ses héritiers…
Or, depuis, peu sont ceux qui semblent avoir repris le flambeau. Certes, sur le circuit féminin, Coco Gauff rappelle régulièrement que les langues se délient plus facilement dans la victoire. En mai dernier, après un premier titre à Roland Garros, et à l’image de son compatriote vingt-six ans plus tôt, elle prit le temps de remercier "Dieu". Une démarche qu’elle avait déjà adoptée en 2023 à l’issue d’un titre à Cincinnati où elle avait ajouté :
"Jésus-Christ est mon Seigneur et Sauveur. J’ai passé de nombreuses nuits seule, à pleurer, à essayer de comprendre. J’ai encore beaucoup de choses à comprendre, mais je le remercie de m’avoir protégée."
Dans le même style, la française Mary Pierce, dernière joueuse tricolore vainqueur du Grand Chelem parisien (2000), avait également fait part de son cheminement de foi dans le podcast Décrassage, comme une preuve supplémentaire que Dieu est toujours à l’œuvre dans la sphère tennistique.
Mais quid du circuit masculin ? "C’est vrai qu’il y a moins d’exemples chez les garçons", ajoute Steve.
"De ce côté-là, le tennis masculin est en retard. Peut-être parce que c’est un sport où la pudeur est prônée et que les tennismen ont plus de mal à aller au-delà."
Recordman de victoire du tournoi parisien indoor, avec huit titres, mais grand absent cette année, Novak Djokovic fait partie de ses rares joueurs à afficher ponctuellement sa foi chrétienne, lui qui a reçu une éducation orthodoxe. Mais à l’aube de ses 38 ans, le Serbe arrive sur la fin de sa carrière. Dès lors, qui pourrait bien reprendre le flambeau ? "J’ai un nom à vous glisser", suggère Steve :
"C’est Ben Shelton !"
L’évocation de ce nom aiguise forcément notre curiosité. Assis dans la tribune en attendant l’entrée en lice de cet Américain de 22 ans, actuellement septième mondial, un petit check de son compte Instagram, nous permet déjà de confirmer les dires de Steve ! Pour cause, une mention "BELIEVE" suivie du symbole de la croix orne en effet sa bio… Mais alors, pourquoi ne jamais avoir entendu ce joueur s’épancher sur sa foi ? "Détrompez-vous, rétorque Steve. Il l’a déjà fait. "D’ailleurs, il est certainement le seul à mentionner régulièrement Dieu dans des interventions sur et en dehors du terrain !", a-t-il ajouté.
En quelques clics, nous notons que ce fut le cas cet été lors de sa victoire au Masters 1000 de Toronto, la plus belle de sa jeune carrière : "Je veux remercier Dieu. Je me sens tellement béni", déclarait celui qui a grandi dans une famille évangélique. En 2022, il ajoutait encore :
"Je serai toujours reconnaissant envers mes parents de m’avoir partagé leur foi en Dieu."
Dans la même lignée, Ben Shelton est même allé plus loin dans ses confessions quand, contraint à l’abandon lors de l’US Open en septembre dernier, le tennisman lâchait en pleine conférence de presse :
"Je n’ai jamais connu de blessure avant mais par la grâce de Dieu, je me sens toujours béni. De par le don qu’il m’a donné ou encore de la chance que j’ai d’en être là aujourd’hui, je veux positiver. Ce n’est qu’un petit contre-temps."
Même sur le terrain, à Wimbledon, et en juin dernier pour être précis, Ben a montré qu’il n’hésitait pas à associer Dieu dans ses exploits mais aussi ses frustrations. Lésé par une décision arbitrale qui suscita de la colère chez lui, il se ressaisit, les yeux dirigés vers le ciel, en criant devant un public médusé : "Mon Dieu, oh mon Dieu." Avant de conclure son match par une victoire !
Dès lors, ce 28 octobre, quand à 18h21 heure précise, l’Américain pointa enfin le bout de son nez sur le court parisien pour y affronter l’italien Flavio Cobolli, nos yeux scrutèrent ses moindres faits et gestes à la recherche d’une possible action spirituelle à se mettre sous la dent. En vain ! Sa victoire en deux sets (7/6 6/3) nous rappela surtout la prédiction de Steve quelques heures plus tôt :
"Il gagnera ce match et peut-être même le tournoi dimanche. Ça, vous pouvez le noter ! Mais ne vous attendez pas à plus. Ben est un showman sur le court mais c’est aussi un garçon bien élevé qui n’est pas là pour jouer avec la foi."
L’occasion de confirmer avec une ultime déclaration livrée par le joueur à l'aube de sa carrière : "Dieu est bon (…). Il me pousse à rester équilibré dans tout ce que je fais". Clap de fin.
Par la Rédaction de Plus Que Sportifs