La moitié des pasteurs protestants américains disent que la crise économique nuit aux finances de leur église

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Selon un récent sondage du Lifeway Research, plus de la moitié des pasteurs protestants américains déclarent que la situation économique a un impact sur les finances de leur congrégation. Une première depuis 2016. En cause, non pas forcément les dons mais surtout les coûts. 

La crise économique en cours risque-t-elle d’affecter profondément la trésorerie des églises ? La crise des subprimes en 2007 et 2008 avait fortement endetté les ménages américains, notamment avec une perte de 9 millions d’emplois en 2008 et 2009, affectant par ricochet les congrégations.

En raison de la forte croissance économique entre 2017 et l’apparition de l’épidémie de Covid-19 aux États-Unis, les années 2018 et 2019 ont été les seules depuis 2009 où la plupart des pasteurs ont constaté un impact positif de l’économie sur les finances de leurs congrégations. Depuis, l’inquiétude revient.

Une étude du Lifeway Research publiée le 11 octobre dernier constate que 52% des pasteurs protestants estiment que l’impact de la crise sur leurs églises est négatif. Un chiffre nettement supérieur à celui de 2021 où seulement 37 % d’entre eux avaient établi le même constat.

Le sondage mené du 6 au 30 septembre auprès de 1 000 pasteurs révèle, par ailleurs, que 40% d’entre eux déclarent que les circonstances économiques n’ont pas d’incidence sur leurs budgets tandis que 7% estiment qu’elles l’affectent positivement. C’est la première fois depuis 2012 que moins de 10% des ministres protestants du culte donnent cette évaluation positive.

Les coûts davantage en cause que les rentrées d’argent

Toutefois, les chiffres sont à contextualiser, car ce sont davantage les dépenses que les rentrées d’argent qui inquiètent la majorité des pasteurs. « La baisse des dons d’une année sur l’autre concerne près d’un quart des églises, mais le pourcentage est similaire à celui de la moyenne sur la décennie », constate Scott McConnell, le directeur exécutif du Lifeway Research.

Ainsi, 42% des pasteurs constatent que les dons n’ont pas varié par rapport à 2021, tandis que 32% parlent d’une augmentation. De leur côté, 23% soulignent une diminution des dons.

En revanche, l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt et la fin attendue du soutien du gouvernement fédéral aux ménages par la loi CARES ont des conséquences sur les trésoreries. Durant la crise, les rémunérations des employés des congrégations avaient pu être prises en charge par le Programme de Protection des Salaires.

Cela a parfois conduit à des situations controversées comme en Californie où la Calvary Chapel avait pu percevoir les dons des fidèles tout en bénéficiant de ce programme fédéral à hauteur de 340 000 dollars. La congrégation avait refusé de fermer malgré les injonctions des autorités locales, par la suite jugées inconstitutionnelles, et n’avait pas limité le nombre de personnes autorisées à participer sur place à ses services.

Des situations inégales selon les églises

Certaines églises sont immensément riches et ont à leurs têtes des pasteurs vivant dans l’opulence, sans même payer de taxes, comme au Texas où le Houston Chronicle a exposé en décembre 2021 un presbytère de 10 chambres et 10 salles d’eau et demie bénéficiant d’une exonération fiscale. Il y en a 2 683 dans les comtés les plus peuplés de l’État, pour une valeur de 1 milliard de dollars selon le Chronicle.

Des pasteurs de grandes congrégations abusent ainsi des dispositions d’une loi qui prévoit un allègement fiscal sur les résidences des membres du clergé afin de compenser le coût de la vie pour les pasteurs percevant de faibles salaires. Cependant, bien des petites communautés rencontrent des difficultés économiques que la crise ne fait qu’aggraver.

Les pasteurs des congrégations de moins de 50 participants représentent 61% de ceux qui ont été interrogés. Elles sont davantage susceptibles que celles de plus de 100 fidèles de dire que leurs prévisions budgétaires sont respectées, mais en même temps 31 % d’entre eux déclarent que les offrandes ont diminué. En revanche, 63% des pasteurs des églises de 250 personnes ou plus constatent une hausse des dons par rapport à 2021.

L’étude, qui contient une marge d’erreur de 3,2%, détecte également des disparités selon qu’il s’agisse de communautés noires ou blanches. 36% des pasteurs afro-américains disent que les dons ont baissé, alors que seuls 22% des pasteurs blancs font ce constat.

Jean Sarpédon


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