
Dimanche 27 septembre, l’Azerbaïdjan a fait usage de bombardements aériens, d’artillerie et de blindés, pour partir en (re)conquête des territoires du Haut-Karabagh. 300 mercenaires djihadistes des factions syriennes ont également été envoyés en renfort. En réaction, les Républiques d’Arménie et du Haut-Karabagh ont toutes deux décrété la loi martiale et la mobilisation générale.
Peuplée de 150.000 habitants dont 90% d’Arméniens chrétiens, la République du Haut-Karabagh est un territoire démocratique grand comme la moitié de la Corse.
Pendant l’ère soviétique, l’URSS avait intégré ce territoire à la République d’Azerbaïdjan, islamisée à 95% et dirigée aujourd’hui de main de fer par le clan familial Alyev.
Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le Haut-Karabagh a autoproclamé son indépendance en 1991, avec l’effondrement du bloc soviétique.
Il faut comprendre que les Arméniens disposent de deux territoires :
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d’une part la République d’Arménie, première nation chrétienne au monde, entourée de 3 pays à dominante islamique (Iran, Turquie, Azerbaïdjan) et d’une région à dominante islamique (les régions sud de la Géorgie, frontalières avec l’Arménie).
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d’autre part le Haut-Karabagh, petit mouchoir de poche enclavé dans la République d’Azerbaïdjan.
Un peuple, deux pays.
Les Azerbaïdjanais sont soutenus par la Turquie. Les Arméniens par la Russie. Tous deux ont des intérêts divergents dans la région, et l’embrasement du conflit pourrait déstabiliser la région tout entière, et par effet domino, aggraver les tensions entre leurs alliés respectifs. Après la Syrie et la Libye, ce serait alors la troisième fois que les deux géants s’opposeraient par alliés interposés.
Le Président turc Erdogan annonçait récemment : “Nous allons continuer d’accomplir la mission que nos ancêtres ont entreprise dans la région du Caucase”.
Les Arméniens, victimes du génocide perpétré par le Gouvernement Turc de 1915-1917, savent ce que ces mots signifient.
Le Français d’origine arménienne que je suis est sensible à cette actu.
Il est des spectres qui s’éloignent... et qui reviennent.
Lorsque, plus de 100 ans après, l’Etat Turc persiste à nier le génocide dont il s’est rendu coupable sur ses populations arménienne, assyro-chaldéenne et grecque pontique, il n’y a guère à s’étonner qu’il puisse envisager de participer à remettre le couvert.
Vos prières seront les bienvenues pour voir le miracle d’une résolution pacifique de ce conflit dans cette région qui me tient tant à coeur.
Pascal Portoukalian
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