Le collectif ASAH (Association au Service de l’Aide Humanitaire) poursuit son action en Ukraine

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Le collectif ASAH reste engagé dans la crise ukrainienne et l’aide humanitaire après s’être organisée, continue à être déployée au travers de ces membres et partenaires. 

A l’heure actuelle, Joseph est en Ukraine et continue à effectuer des missions selon les besoins de nos membres et partenaires. En plus de cela, il nous rapporte une analyse géopolitique de la situation qui évolue sans cesse.

La Russie et l’Ukraine entrent dans leur cinquième mois de guerre. Après une victoire rapide des Ukrainiens autour de Kyiv et de Kharkiv et des Russes dans le sud du pays, le conflit entre dans une longue phase d’attente. La question qui subsiste désormais est de savoir qui craquera en premier.

Cette guerre de longue haleine, selon The Economist, sera également le moment de tester la résilience des Européens dans son soutien à l’Ukraine et dans l’impact de ce conflit sur son économie.

  • Situation militaire
  • Front du Donbass

La Russie progresse lentement et au prix de nombreuses pertes qui sont toujours difficilement quantifiables. Quoiqu’il en soit, les villes de Severodonetsk et de Lysychansk (respectivement 100.000 et 85.000 habitants) sont tombées. En effet, l’armée ukrainienne a fait le choix de se retirer pour ne pas sacrifier ses unités d’élite présentes sur le terrain.

Le renseignement américain pensait que les Russes, éreintés par le conflit, allaient s’arrêter pour reprendre des forces. Il semble néanmoins qu’ils essaient d’exploiter leurs victoires à Severodonetsk et Lysychansk. Les prochains objectifs russes porteront sur Kramatorsk, Slaviansk et Bakhmout mieux fortifiés que Severodonetsk et Lysychansk.

Néanmoins, la Russie continue à profiter de son rapport de force et a adopté la technique du général Joffre pendant la Première Guerre mondiale à savoir concentrer ses forces. Si les Russes disposent de réserves importantes de munitions et d’obus hérités de la Guerre froide (on assiste notamment à l’utilisation de KH 22 retiré depuis 2007 de l’arsenal russe) la difficulté de la Russie réside plutôt dans sa capacité à mobiliser de nouvelles recrues.

Selon The Economist, le Kremlin a triplé l’offre de salaire de nouvelles recrues, promis des terres sur les territoires conquis et essaie de faire revenir d’anciens vétérans dans son armée.

Les Ukrainiens de leur côté espèrent toujours pouvoir tenir et réunir suffisamment d’armes occidentales pour lancer une contre-offensive. Mais l’armée manque de munitions et recule face à l’armée russe équipés de rampes de missiles de longues portées et d’un stock important de munitions. La stratégie russe dans le Donbass est de profiter de sa supériorité militaire, de raser les villes et d’avancer. Les ukrainiens n’ont pas le matériel nécessaire pour pouvoir riposter correctement et sont forcés de reculer.

L’avantage des Ukrainiens face aux Russes, néanmoins, est de disposer d’une plus grande armée, plus résiliente et plus combative. De plus nous ignorons qu’elles sont les stocks de munitions russes. L’utilisation du vieil arsenal russe fait penser à une attrition de leurs stocks mais cette information est difficile à confirmer.

Front du Sud

Dans le Sud, les Ukrainiens ont réussi à débouter les Russes de l’île aux serpents, une petite île stratégique qui permet le contrôle de l’Ouest de la Mer Noire. Les Russes en représailles ont détruit les installations présentes sur l’île. La prise de l’île a été rendue possible par les tirs de Canon Caesar français et S22 Bohdana britannique. Cette victoire est la preuve que l’équipement occidental fait la différence sur le terrain.

Dans la région Kherson, l’armée ukrainienne maintient également la pression et semble avancer. Il est difficile pour l’instant de se prononcer sur ce front, mais il est certain que les Russes expriment certaines difficultés face aux troupes ukrainiennes. C’est un front à surveiller de prêt.

Soutien International

Les Occidentaux restent toujours solidaires et continuent à financer l’effort de guerre ukrainien. Néanmoins, des difficultés dans l’approvisionnement de l’Ukraine se font ressentir. Les membres de l’OTAN ont en effet peur, par un envoi massif de matériel à l’Ukraine, de trop dégarnir leurs armées et leurs arsenal. En outre, leurs industries militaires ne peuvent pas doubler du jour au lendemain et ont dès lors dû mal à suivre la demande ukrainienne. Les Américains par exemple ne produisent que 2100 Javelin chaque année.

Une des questions cruciales des prochaines semaines / mois sera la question du support européen et de son opinion publique. Le prix de la guerre, en Europe, ne se fait pas encore ressentir, mais qu’en sera-t-il en hiver ? La peur d’une défection des Européens à l’hiver est au centre de la politique de communication de Zelensky qui multiplient ses interventions en espérant pouvoir garder l’effervescence du début de la guerre.

En Angleterre, la démission de Boris Johnson laisse planer le doute sur le futur de la politique étrangère britannique. Néanmoins, Boris Johnson restera en poste jusqu’en automne.
Précisions également que l’intégration de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN représente pour Poutine une défaite politique et symbolique.

Situation économique

L’économie ukrainienne, de par les conséquences de la guerre, se retrouve en difficulté. Selon le FMI la production ukrainienne risque d’être réduite de un tiers cette année. Ce qui serait un scénario semblable à la grande dépression américaine des années 30.

Ensuite, le coût militaire et humanitaire s’élève pour l’Ukraine à 5 milliards par mois et l’inflation est déjà montée à 18%. Enfin, de part le blocage des ports ukrainiens en Mer noire, toute reprise économique de grande envergure semble pour l’instant inconcevable.

Ainsi l’économie ukrainienne, bloquée et affaiblie, est désormais dépendante du bon vouloir des occidentaux.

De son côté, l’économie russe reste plus solide. Le rouble qui a connu une chute au début de la guerre a repris de la valeur et s’est stabilisé. Vladimir Poutine continue à clamer que ces sanctions font plus de mal à l’Ouest qu’à la Russie. Néanmoins dans les faits la Russie est privée d’importations cruciales pour la bonne continuation de son industrie.

Gina Raimondo, Secrétaire au Commerce des USA, a rapporté que : « de nombreuses armes russes sont désormais équipées de semi-conducteurs trouvés sur des machines à laver et réfrigérateur ».

Néanmoins, malgré l’embargo occidental, la Russie continue à écouler ses hydrocarbures en Europe (Allemagne, Italie,…) mais également en Serbie, Kazakhstan,…

En conclusion, la situation semble s’être inversée. L’armée ukrainienne, loin d’être en déroute, organise une retraite stratégique dans le Donbass. Les autres fronts tiennent et les Ukrainiens semblent même gagner du terrain dans le Sud et il semble peu probable que les Russes, dans le Donbass, puissent pousser au-delà de Dnipro (1 million d’habitants).

Les prochains combats porteront sur la ligne Slaviansk, Bakhmout et Kramatorsk. Plus fortifiés que Severodonetsk et Lysichank les combats coûteront à nouveau d’immense perte des deux côtés.

Par conséquent, une guerre de longue haleine se met en place.

Les Russes dans ce combat ont l’avantage économique et militaire. La difficulté pour les Russes réside surtout dans l’extraordinaire coût humain que lui cause cette guerre et la peur de Poutine d’organiser une mobilisation générale.

Pour l’instant, les recrues viennent surtout de villes perdues de la Sibérie et le coût politique de leurs morts reste faible. Mais combien de temps encore ?

Mais surtout, le sort de cette guerre, réside dans la capacité des Occidentaux à maintenir leur aide politique, économique et militaire. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a annoncé hier que le matériel européen tournait à plein régime sur le front et commençait à faire la différence. Les Occidentaux seront-ils en mesure de respecter leurs engagements ? Il est trop tôt pour pouvoir l’affirmer.

Pour en savoir plus sur les actions en cours, nous vous donnons rendez-vous sur la page Ukraine de notre site web.

Joseph Roche


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