Le fragment de l’évangile de la femme de Jésus est-il authentique ?

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Il y a quelques jours un article « à sensation » a été diffusé sur internet. Celui-ci annonçait que l’authenticité du fragment de l’évangile de la femme de Jésus venait d’être confirmée par les scientifiques et que celui-ci « n’était donc pas une contrefaçon ».

C
et article n’a pas manqué de susciter des polémiques, mais beaucoup de personnes n’ont pas forcément compris ce dont il était question. C’est pour cela qu’il me paraît intéressant de faire un point sur ce sujet.

Il y a quelques années, les chercheurs ont découvert l’existence d’un fragment copte issu d’une collection privée. Ce fragment, qui appartient probablement à un évangile apocryphe, rapporte des propos de Jésus où celui-ci dit : « Ma femme… ».

Les premières constatations indiquaient que le fragment datait de l’époque médiévale, mais certains chercheurs ont remis en cause cette datation et ont estimé qu’il s’agissait simplement d’un faux fabriqué à l’époque contemporaine. Il faut en effet savoir que ces malversations sont malheureusement assez fréquentes, puisque la revente de fausses antiquités peut rapporter beaucoup d’argent.

Différents tests scientifiques ont donc été effectués pour vérifier si le fragment datait bien du Moyen âge. Or, il semble que ces études aient révélé que c’était bien le cas. Le résultat est cependant contesté par d’autres personnes qui dénoncent l’œuvre d’un habile faussaire.

Ainsi, lorsque l’article affirme que le fragment est authentique, cela veut dire que ce n’est pas un faux fabriqué à l’époque contemporaine (19e ou 20e siècle), mais qu’il date bien du 7e ou 8e siècle. En revanche, cela ne veut absolument pas dire que son contenu, le texte qui figure sur le fragment, soit historique.

En réalité, on sait que dès le 2e ou le 3 siècle certains groupes ont fabriqué de faux évangiles pour justifier différentes doctrines qu’ils inventaient. Ce sont ces groupes que les Pères de l’Eglise appelaient les « pseudognostiques ». Ce fragment, s’il est authentique, appartient donc certainement à un de ces faux évangiles pseudognostiques.

En conclusion, même si ce qui est écrit dans cet article s’avérait vrai, cela n’aurait pas le sens que beaucoup lui ont prêté. Une lecture rapide pouvait en effet faire croire que ces études scientifiques prouvaient que Jésus aurait eu une femme, alors qu’en réalité, il n’en est rien. Les scientifiques ont, tout au plus, prouvé que ce fragment copte qui mentionnait le fait que Jésus ait eu une femme datait bien du 7e ou 8e siècle. Mais ce texte n’a évidemment aucune valeur historique comparé aux quatre évangiles que nous avons, et qui datent eux du 1er siècle.

Pour terminer, je me permets d’émettre l’hypothèse que le rédacteur de l’article qui a annoncé cette découverte a volontairement choisi un titre ambigu pour faire du « buzz ».


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