Le Nicaragua transforme les bâtiments de l’Église catholique en centres de propagande du régime

Le Nicaragua transforme les bâtiments de l’Église en centres de propagande du régime

Nouvelle forme de persécution dans ce pays d’Amérique centrale : le régime du dictateur Daniel Ortega confisque les biens immobiliers de l’Église catholique pour les mettre au service de l’État nicaraguayen. L’avocate Martha Patricia Molina alerte sur "des cas de profanation".

Depuis 2018, le bras de fer continue entre Daniel Ortega et l’Église catholique, qui avait soutenu les manifestants opposés à la radicalisation du régime.

Dernier lieu où pouvait encore s’exprimer une opposition politique, l’Église est de plus en plus muselée par le pouvoir en place : interdiction des processions, expulsions d’évêques, de religieuses ou de prêtres, et surveillance renforcée des activités ecclésiales.

En raison de ces expulsions, de nombreux bâtiments sont vidés puis confisqués par l’État nicaraguayen, rapporte l’agence italienne SIR. À l’image de la Révolution française et de la vente des biens du clergé, des universités, monastères et maisons religieuses sont investis par les autorités publiques.

Ainsi, l’Université centraméricaine (UCA), dirigée par les Jésuites, et l’Université catholique du Trópico Seco (UCATSE) accueillent désormais des universités d’État. L’évêché de Matagalpa, où résidait l’évêque Rolando Álvarez — aujourd’hui en exil au Vatican — a été remis à l’Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS). Le monastère des sœurs trappistes de San Pedro de Lóvago (Chontales) est devenu un centre de l’Institut nicaraguayen de technologie agricole. La maison des sœurs de la Fraternité des pauvres de Jésus-Christ, à León, a été convertie en bureaux des services de migration et des affaires étrangères. Quant à la maison de retraite des Missionnaires de la Charité, à Grenade, elle a été transformée en centre de développement pour enfants, géré par l’État.

Selon l’avocate et militante Martha Patricia Molina, au moins 28 lieux seraient concernés. Au-delà de la simple récupération des bâtiments, elle dénonce "non seulement la confiscation, mais aussi la profanation de biens où se trouvaient des chapelles et des lieux de prière, ainsi que le vol de meubles et d'objets religieux d'une grande valeur pour les catholiques".

Malgré ce contexte tendu, un dialogue semble subsister entre le Vatican et le Nicaragua : une petite délégation nationale avait été présente à la messe de funérailles du pape François, ainsi qu’à celle d’ouverture du pontificat du pape Léon XIV.

Germain Gratien


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