Le Nigeria discute de coopération sécuritaire avec les États-Unis qui ont récemment menacé d'intervenir militairement dans le pays, le président Donald Trump y dénonçant des "meurtres de chrétiens" perpétrés par des "terroristes islamistes", a indiqué à l'AFP le ministre nigérian des Affaires étrangères.
Le 31 octobre, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé avoir classé le Nigeria sur la liste des pays "particulièrement préoccupant". Une décision saluée par le porte-parole de Portes Ouvertes pour l’Afrique Subsaharienne, Jo Newhouse. "C’est une prise de conscience que le problème est grave et de grande ampleur", a-t-il déclaré.
"C’est aussi une reconnaissance symbolique importante des souffrances considérables endurées par les populations les plus vulnérables au Nigeria."
Yusuf Tuggar, le ministre nigérian des Affaires étrangères, a affirmé discuter "actuellement" de la manière dont ils peuvent "collaborer pour relever les défis sécuritaires qui concernent l'ensemble de la planète", lors d'une interview à Abuja.
Au début du mois, M. Trump a affirmé avoir demandé au Pentagone d'élaborer un plan d'attaque potentiel contre le pays le plus peuplé d'Afrique, car les islamistes radicaux y "tuent les chrétiens et les tuent en très grand nombre".
Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que Washington allait frapper le Nigeria, M. Tuggar a répondu : "Non, je ne pense pas".
"Parce que nous continuons à discuter et, comme je l'ai dit, les discussions ont progressé. Nous avons dépassé ce stade" des menaces, a-t-il confié à l'AFP.
Le dirigeant américain avait déclaré que le christianisme était "confronté à une menace existentielle" dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, ajoutant que si le Nigeria ne mettait pas fin aux massacres, les États-Unis attaqueraient et "ce serait rapide, violent et efficace".
Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec 230 millions d'habitants, est divisé de manière à peu près égale entre un sud à majorité chrétienne et un nord à majorité musulmane. Il est le théâtre de nombreux conflits qui tuent des chrétiens mais aussi des musulmans.
Cependant, dans le pays, qui est classé 7e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes, "les chrétiens sont tués, mutilés, enlevés et violés" en raison de leur foi. Les survivants perdent leur terre et fuient dans des camps de déplacés internes où ils sont ensuite discriminés" indique l'organisation.
Dans un précédent entretien réalisé avec le pasteur nigérian Fred Williams, il nous avait confié croire qu'un "génocide moderne est en cours".
"L’ampleur est énorme : des milliers de morts, des millions de déplacés, des communautés détruites, des moyens de subsistance anéantis."
Dans le nord-est du pays, l'insurrection jihadiste menée par le groupe Boko Haram (actif depuis 2009) et sa faction dissidente rivale de l'État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), a fait plus de 40.000 morts et forcé plus de deux millions de personnes à fuir leurs foyers, selon les chiffres des Nations unies.
La Rédaction (avec AFP)