Le Nigeria rejette les accusations des États-Unis concernant la persécution des chrétiens

nigeria_rejette_accusations_etats_unis_concernant_persecution_chretiens

Les autorités nigérianes ont indiqué mercredi 5 novembre à des diplomates étrangers que les déclarations des États-Unis désignant le Nigeria comme un pays portant atteinte à la liberté religieuse étaient "fondamentalement erronées", tout en affirmant rester ouvertes à une coopération en matière de sécurité avec Washington.

Le Nigeria et les États-Unis sont engagés dans une crise diplomatique depuis que le président Donald Trump a annoncé, vendredi, que le Nigeria est désormais un "pays particulièrement préoccupant" (CPC), en raison du meurtre de chrétiens par des "islamistes radicaux".

"Les récentes affirmations étrangères laissant entendre une persécution religieuse systémique au Nigeria sont infondées", a déclaré aux diplomates le secrétaire permanent du ministère des Affaires étrangères, Dunoma Umar Ahmed, lors d’un point à Abuja.

La nation ouest-africaine est confrontée à de multiples conflits qui, selon les experts, font des victimes parmi les musulmans comme les chrétiens, souvent sans distinction.

L’insurrection jihadiste de longue date dans le nord-est du Nigeria, menée par Boko Haram et sa faction rivale l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), a fait plus de 40.000 morts et forcé plus de deux millions de personnes à fuir leurs foyers depuis 2009, selon les chiffres des Nations unies.

Le week-end dernier, Donald Trump a agité la menace d’une intervention armée au Nigeria, invoquant une persécution des chrétiens. La désignation CPC "dénature l’ordre constitutionnel laïque du Nigeria", a déclaré M. Ahmed devant une salle comble au ministère des Affaires étrangères.

La présence de l’ambassadeur américain n’a pas été confirmée. "L’État poursuit une campagne antiterroriste globale contre des groupes qui ciblent les Nigérians de toutes confessions", a-t-il ajouté.

Il estime que la rhétorique américaine à l’égard du Nigeria a été "dénigrante" et que le "dialogue et la coopération" doivent "rester la norme dans les relations entre États souverains".

Outre l’insurrection jihadiste dans le nord-est du pays, le Nigeria est confronté à des bandes armées dans le nord-ouest, responsables d’enlèvements et de meurtres.

Des affrontements sanglants entre agriculteurs majoritairement chrétiens et éleveurs peuls musulmans ont aussi ensanglanté l'État du Plateau et d'autres États du "Middle Belt" nigérian. Même si le conflit semble s'articuler autour de questions ethniques et religieuses, ses causes profondes résident dans la mauvaise gestion foncière et l'absence d'autorité dans les zones rurales, selon des experts.

Des groupes séparatistes se trouvent aussi dans le sud-est du pays depuis des années.

Le Nigeria reste l'endroit le plus meurtrier au monde pour suivre le Christ, avec 4 118 personnes tuées pour leur foi entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023, selon le rapport 2024 de l’ONG Portes Ouvertes. C'est également au Nigeria qu'ont eu lieu le plus grand nombre d'enlèvements de chrétiens que dans n'importe quel autre pays, avec plus de 3 300 cas recensés.

La Rédaction avec (AFP)

Crédit Image : Shutterstock / Omotayo Kofoworola

Dans la Rubrique Persécution >



Les nouvelles récentes >