L'édito de Camille : "Des femmes meurent et le silence règne"

« Des femmes meurent et le silence règne »

"Des femmes meurent et le silence règne". J'ai lu cette phrase sur Instagram dans la story d'une journaliste que je suis depuis plusieurs années. Elle partageait également le nom de femmes décédées au mois d'octobre, victimes de féminicides.

Sur son site, l'association NousToutes propose un décompte des féminicides par année. Au 28 octobre 2023, on recense 107 féminicides en France, dont 8 seulement au mois d'octobre. Cela représente un décès tous les deux jours. Ces chiffres sont effrayants, et cette phrase m'est longtemps restée en tête, "des femmes meurent et le silence règne". Alors j'ai décidé d'en parler.

Elles s'appelaient Virginie, Sihem, Marie-Camille, Laure, Marie-Antoinette..., elles avaient 46 ans, 18 ans, 37 ans, 28 ans, 75 ans...Elles ont perdu la vie cette année, la plupart du temps tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.

Cette liste, tenue à jour par NousToutes, est une manière de leur rendre hommage, mais c'est également pour sensibiliser la société sur cette problématique qui touche toutes les classes sociales, tous les âges et toutes les communautés...jusque dans nos Eglises. 

C'est de ce constat qu'est née l'association Une place pour Elles. Un peu moins d'un mois avant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre), il me semble que c'est le bon moment pour (re)mettre en lumière cette initiative.

Une place pour Elles a été fondée en 2017 par plusieurs femmes pour la plupart protestantes, sous l’impulsion de Valérie Duval-Poujol. La théologienne, spécialiste des textes bibliques sur la femme et auteure de La Bible est-elle sexiste ?, s’est inspirée d’une initiative née en Italie en 2013. "Posto Occupato" (place occupée en français NDLR) installe des chaises vides dans des bâtiments publics pour attirer l’attention sur les victimes de violences conjugales. Une idée qu’elle a décidé de développer en France pour sensibiliser sur ce drame.

Les fondatrices de l'association l'affirment : les violences conjugales concernent toute la société, même les Eglises

Colette Fébrissy, qui a co-écrit l’ouvrage "Violences conjugales, accompagner les victimes" avec Valérie Duval-Poujol et Jacques Poujol rappelle en effet que : "des femmes harcelées, des agresseurs sont aussi dans nos communautés".

"Il n’est plus possible de se cacher derrière un ‘ça ne nous regarde pas’. Les violences conjugales doivent sortir de la sphère privée, elles concernent toute la société, au même titre que l’inceste ou le viol. Les victimes commencent à prendre la parole, des gens se forment, notamment dans les Eglises, qui ne sont pas épargnées."

Cette problématique qui nous concerne tous et toutes doit être adressée. Le premier pas pour accompagner les femmes victimes de violence, c'est de les aider à mettre des mots sur ce qu'elles vivent. 107 féminicides aux pays des Droits de L'Homme (et de la femme !) c'est beaucoup trop, nous devons faire plus et mieux. 

Camille Westphal Perrier


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