L'Eglise catholique de France déplore la surpopulation dans le milieu carcéral

Leglise_de_france_deplore_la_surpopulation_dans_le_milieu_carceral

Une "impasse" : le chef de file de l'Église catholique en France, Mgr Jean-Marc Aveline, a fermement dénoncé mardi 2 novembre la politique du "tout carcéral", génératrice d'une surpopulation record qui selon lui génère "plus de récidives que de sécurité".

"Le tout carcéral est une impasse", martèle le nouveau président de la Conférence des évêques de France (CEF) dans un texte cosigné avec Jean-Luc Brunin, évêque référent de l'aumônerie catholique des prisons, en rappelant le "seuil historique" atteint par la population carcérale en France.

Les prisons françaises comptaient 85.373 détenus au 1er novembre, soit une densité carcérale de 136,2%, selon des chiffres publiés lundi par le ministère de la Justice. En un an, cela représente 5.243 détenus de plus.

Cette surpopulation "contribue à une prise en charge dégradée sentiment d'humiliation, augmentation de la violence et de l'oisiveté, perte du sens du travail pour les agents pénitentiaires", affirment les évêques dans ce texte.

Selon eux, "elle empêche que les personnes détenues ressortent meilleures qu'au moment de leur incarcération et génère ainsi plus de récidives que de sécurité".

La prison leur apparaît ainsi comme "la sanction la plus coûteuse" pour la société, et "toute mesure qui vise à augmenter la population carcérale va à l'encontre de la sécurité de nos concitoyens". Ce plaidoyer de Mgr Aveline, dont la parole reste rare depuis sa prise de fonctions en juillet, intervient dans un contexte d'appels récurrents à plus de fermeté, relancés par de récentes évasions de détenus très médiatisées.

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a donné en octobre instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire, avec notamment un durcissement des peines. Le 23 novembre, il a dit vouloir revoir les règles d'application des peines pour les narcotraficants.

Dans le même temps, les acteurs de la pénitentiaire s'inquiètent d'un point de rupture atteint par les prisons, du fait d'un sous-effectif de surveillants et de la surpopulation carcérale. "Oui, ça va certainement péter", affirmait en novembre Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL).

"Dignité des personnes"

Face à un constat "alarmant et inquiétant", les évêques souhaitent "interpeller les responsables politiques et les juges" pour trouver "des voies nouvelles pour exercer la justice".

Car selon eux, "il existe d'autres manières de sanctionner en respectant vraiment la dignité des personnes, tout en permettant un changement de comportement".

Dans un de ses rapports de visite au centre de détention de Metz il y a un an, la CGLPL décrivait des "conditions de vie en détention" qui "pâtissent de la surpopulation pénale particulièrement élevée au quartier femme", ou "le sous-effectif des surveillants" qui dégrade "la prise en charge des détenus": "rats, punaises de lits et cafards", douches "insalubres", espace personnel en cellule "inférieur à 3 m2".

"Des prisons qui débordent sont des prisons qui détruisent", martèlent les évêques, selon qui "personne ne peut être réduit à l'acte qu'il a commis, quel qu'il soit".

Ce texte est publié à l'occasion du "Jubilé des détenus" (dans le cadre de l'"Année sainte" célébrée tous les 25 ans par l’Église catholique, plusieurs "Jubilés" se succèdent en 2025 à Rome).

Pour "permettre aux personnes détenues de vivre pleinement cet événement" malgré l'impossibilité de se rendre à Rome, les évêques seront "largement présents" le 14 décembre dans 102 établissements pénitentiaires à travers le pays, a précisé la CEF.

Beaucoup d'évêques ont pour habitude de célébrer une messe de Noël en prison. L'Église catholique comptait en 2024 quelque 760 aumôniers répartis dans 190 établissements pénitentiaires (partout sauf à Mayotte).

La Rédaction avec (AFP)

Crédit Image : Shutterstock / Obatala-photographie

Dans la Rubrique Société >



Les nouvelles récentes >