Lourdes : après Bétharram, les évêques se penchent sur l'enseignement catholique
Que faire pour prévenir de nouvelles violences physiques et sexuelles dans l'enseignement catholique ? Secoués par les révélations dans le sillage de Bétharram, les évêques ont consacré la journée du mercredi 5 novembre à chercher des remédiations, alors que l'audit des internats catholiques avance.
"L'année passée a été très traumatisante pour beaucoup d'acteurs de l'enseignement catholique, en raison des traumatismes dramatiques" révélés par les victimes, et du "discrédit jeté sur l'enseignement catholique en général", a affirmé lors d'un point presse Matthieu Rougé, nouvel évêque référent pour l'enseignement catholique.
Deux sessions étaient programmées sur ce sujet lors de l'assemblée d'automne de la Conférence des évêques de France (CEF), dans un strict huis clos. Au programme : tour de table des enjeux et présentation des nouveaux visages de l'enseignement catholique, avec Mgr Rougé et Guillaume Prévost, élu secrétaire général de l'enseignement catholique.
Car les révélations de violences physiques et sexuelles, gravissimes pour certaines, se sont succédé depuis un an, Notre-Dame de Bétharram, Saint-Stanislas à Nantes, Sainte-Croix-des-Neiges à Abdondance.
Le rapport de la Ciase, en 2021, le disait déjà, un tiers environ des 330.000 victimes de pédocriminalité dans l'Église ont été agressées dans le cadre de l'enseignement catholique.
Ces affaires ont provoqué une vive émotion, forçant l'institution à réagir. Ainsi en juin l'enseignement catholique avait annoncé un audit sur ses quelque 600 internats. "À l'été 2027, on devrait être en mesure d'avoir passé en revue l'ensemble des internats", a assuré M. Prévost.
Avec à terme l'idée d'une "certification", concrètement cela passe par "une vérification régulière des pratiques" des internats, par exemple "veiller à ce qu'un adulte ne soit jamais seul en responsabilité de mineur", ou encore "les modes de prise de parole" en cas de difficulté, a expliqué Mgr Rougé.
"Inspections toniques"
L'ancienne ministre de l'Éducation nationale Elisabeth Borne avait promis "1.000 contrôles" en 2025 dans les établissements scolaires privés sous contrat avec l'État. Ces inspections dont 850 ont déjà eu lieu ont parfois pu faire grincer des dents.
"Au début, elles ont été parfois excessivement vigoureuses", a assuré Mgr Rougé, se disant "témoin dans son propre diocèse d'inspections assez toniques".
Mais elles ont abouti ensuite "à des rapports extrêmement positifs", a-t-il ajouté, appelant à "ne pas être dans une logique de peur, d'inquiétude".
M. Prévost a également annoncé le lancement, dans les semaines à venir, d'une "mission" visant "à décliner feuille de route de l'enseignement catholique pour les cinq à dix prochaines années".
Il s'agit de "comprendre ce qui s'est passé" dans le déclenchement des violences physiques et sexuelles au sein de l'enseignement catholique, et notamment d'en saisir "la nature systémique", a-t-il ajouté.
Mardi le nouveau président de la CEF Jean-Marc Aveline avait annoncé que les évêques se pencheraient également sur le rapport entre "l’accueil de tous et la promotion du caractère propre" de l'enseignement catholique, un sujet "délicat" selon les termes même de l'archevêque de Marseille.
Soulignant combien la notion de "caractère propre" était "le terme du législateur", M. Prévost a assuré : "il faut qu'on s'empare de cette notion juridique pour parler du Christ, parce que c'est ça, notre projet éducatif".
M. Prévost s'est attiré de vives critiques pour avoir estimé en septembre que les enseignants du privé "ont parfaitement le droit" de prier avec leurs élèves en classe.
Mgr. Rougé s'est toutefois voulu rassurant, en rappelant les deux millions d'élèves scolarisés dans le privé sous contrat : l'"ombre" jetée avec les révélations de violences sexuelles "n'empêche que l'enseignement catholique est très demandé", a-t-il assuré, en soulignant la "confiance des familles qui se maintient".
La Rédaction (AFP)
