L’ancienne cellule d’Asia Bibi accueille déjà une nouvelle chrétienne condamnée à mort, Kausar Shagufta

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« Je suis de retour pour défendre ces personnes sans défense. » Saif ul-Malook - avocat d’Asia Bibi.

La tristement célèbre prison pour femme de Multan accueille désormais une nouvelle accusée. C’est dans l’ancienne cellule d’Asia Bibi que Kausar Shagufta, mère de 4 enfants de 5 à 13 ans, purge sa peine. Elle a été condamnée à mort, avec son mari Masih, par un tribunal pakistanais pour avoir envoyé des SMS blasphématoires.

C’est Muhammad Hussein, chef de prière d’une mosquée locale, qui a porté l’accusation. Kausar était alors aide domestique dans la maison de l’évêque de Gojra. Son mari, Masih, est dans l’incapacité de travailler depuis qu’il a été blessé à la colonne vertébrale en 2014. Selon l’accusation, Masih aurait envoyé des SMS blasphématoires, écrits en anglais, avec la « connivence » de son épouse.

Le 6 février 2018, une motion a été déposée à la Chambre des Communes britannique. Elle souligne que les époux, analphabètes, auraient été « incapables d’écrire en ourdou, et encore moins en anglais » et que leur téléphone portable avait été perdu auparavant. Elle déplore également les intimidations faites par les avocats des plaignants à l’égard du juge.

« Que cette Assemblée est profondément préoccupée par la peine de mort prononcée à l’encontre de Mme Shagufta Kausar et de M. Shafqat Emmanuel, un couple marié, pour avoir soi-disant envoyé des textos blasphématoires ; constate que les messages ont été écrits en anglais, mais qu’ils sont tous les deux analphabètes et incapables d’écrire correctement en ourdou, et encore moins en anglais; note en outre que le couple a répété à plusieurs reprises avoir perdu le téléphone en question avant l’envoi des SMS et que la carte SIM du téléphone n’était pas la leur; exprime sa préoccupation devant le fait que, tout au long du procès, les avocats des plaignants ont intimidé le juge en proclamant à maintes reprises des références coraniques appelant à la mort de blasphémateurs et en appelant le gouvernement pakistanais à le libérer afin qu’il puisse vivre avec leurs quatre enfants en famille. »

C’est l’avocat d’Asia Bibi, Saif ul-Malook qui va désormais les défendre. Malgré les menaces dont il a fait l’objet, il a décidé de continuer son combat auprès des victimes des lois sur le blasphème.

« Je suis de retour pour défendre ces personnes sans défense. »

Pour lui, les aveux du couple sont illégaux et invalides. Il déclare à Christianity Today :

« Comme dans l’affaire d’Asia Bibi, les avocats du tribunal de première instance dans l’affaire de ce couple chrétien n’ont pas pu plaider l’affaire de manière appropriée.. [...] Le couple est innocent et il n’y a aucune preuve légale substantielle disponible qui prouve qu’ils ont réellement envoyé ces messages par SMS. »

Mais il n’appellera pas l’attention de la communauté internationale comme il l’avait fait pour Asia Bibi, regrettant que certains propagent de fausses rumeurs pour servir leur propre reconnaissance, au détriment des minorités sur place.

« Chaque affaire juridique nécessite une stratégie différente et j’ai décidé d’adopter une stratégie différente pour cette affaire, en fonction des faits et des lois applicables. [...] Envoyer de fausses informations sur la persécution [en Occident] n’aide pas les chrétiens pakistanais à rentrer chez eux, comme ce fut le cas dans l’affaire Asia Bibi. Ces jours-ci, les médias sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de fausses nouvelles. Plusieurs ONG ont créé un battage publicitaire pour attirer l’attention sur eux-mêmes, ce qui se retourne contre les chrétiens locaux. »

M.C.


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