L’ONG chrétienne World Vision dénonce la condamnation à 12 ans de prison de son ex-directeur par Israël

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L’ex-directeur de l’ONG chrétienne World Vision dans la bande de Gaza, Mohammed Halabi, a été condamné mardi à 12 ans de prison par un tribunal israélien pour détournement de fonds au profit du mouvement islamiste armé Hamas. Une sentence jugée « profondément décevante » par l’ONG qui estime qu’elle « contraste fortement avec les preuves et les faits de l’affaire ».

Mardi, un tribunal israélien a condamné Mohammed Halabi à 12 ans de prison incluant ses six dernières années en détention, selon une décision de justice consultée par l’AFP.

L’ex-directeur de l’ONG chrétienne World Vision avait été reconnu coupable en juin d’avoir détourné des dizaines de millions de dollars au profit du Hamas, au pouvoir dans cette enclave palestinienne. Le tribunal du district de Beersheva (sud) l’avait aussi reconnu coupable d’appartenance à un groupe terroriste et d’avoir « transmis des informations à l’ennemi ».

M. Halabi avait plaidé non coupable à l’ensemble des charges retenues contre lui, son avocat dénonçant un « procès politique » et son ex-employeur soutenant, après un audit interne, qu’il n’avait détourné aucune somme au profit du Hamas, mouvement considéré comme « terroriste » par Israël et de nombreux pays occidentaux.

« Le jugement prononcé aujourd’hui est profondément décevant et jure avec les faits et les éléments de preuve », a réagi Sharon Marshall, représentante de l’organisation américaine World Vision.

L’ONG chrétienne a également publié un communiqué à la suite de ce verdict dans lequel elle écrit soutenir « l’intention de Mohammad de faire appel du verdict et de la peine » et appelle « à un processus d’appel juste et transparent basé sur les faits de l’affaire ».

« En tant que disciples de Jésus-Christ, Vision Mondiale est responsable envers les enfants et les familles que nous servons, envers nos donateurs et surtout envers Dieu d’être de fidèles intendants. World Vision condamne catégoriquement tout acte de terrorisme ou soutien à de telles activités. Nous rejetons toute tentative de détournement des ressources humanitaires ou d’exploitation du travail des organisations humanitaires opérant où que ce soit, et nous ne voyons aucune preuve de ces choses dans ce cas. »

A Gaza, sa mère Amal al-Halabi a dénoncé mardi « une injustice »: « Où est la communauté internationale et où sont les droits humains de Mohammed? », s’est-elle interrogée auprès de l’AFP.

« Placer Halabi en détention pendant six ans sur la base d’informations secrètes, d’ailleurs rejetées par plusieurs enquêtes, était déjà une parodie de justice. L’écrouer pour six autres années est simplement cruel et inhumain », a pour sa part commenté Omar Shakir, directeur de l’ONG Human Rights Watch pour Israël et les Territoires palestiniens, à la suite du verdict.

Un procès secret

Après l’arrestation en juin 2016 de Mohammed Halabi, l’Australie, qui avait donné des millions de dollars pour des oeuvres caritatives dans les Territoires palestiniens, notamment pour World Vision, avait annoncé l’interruption du financement des programmes à Gaza et l’ouverture d’une enquête.

Or celle-ci avait conclu que rien ne suggérait un détournement de fonds. Et une autre enquête, commandée par l’ONG World Vision, avait aussi conclu qu’il n’y avait aucune preuve de détournement de fonds ou d’appartenance au Hamas.

Depuis l’arrestation, les procédures judiciaires étaient restées secrètes, Israël évoquant des raisons de sécurité. Dans son jugement mardi, le tribunal de Beersheva a soutenu que Mohammed Halabi avait rejoint en 2004 la branche armée du Hamas qui lui avait ensuite demandé « d’infiltrer » World Vision pour détourner des fonds et du matériel.

Camille Westphal Perrier (avec AFP)

Image : Shutterstock / Beersheva, Israël

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