Ma foi… Sacrifice : un programme de Présence Protestante à découvrir sur tous vos supports

Ma foi… Sacrifice, un programme de Présence Protestante à découvrir sur tous vos supports.

Qui a déjà volontairement tué un animal ? "Agneau immolé", "bœufs et bêtes grasses", dans nos lectures et nos symboles, le sacrifice est très présent. Dans nos vies, beaucoup moins.

"Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous." Luc 15:23

Quarante jours après avoir accouché, Joseph et Marie se rendent au temple pour y présenter Jésus. Les parents apportent avec eux "pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur" (Luc 2.24).

Ce temps de la présentation de Jésus au temple, moins connu que Noël (la naissance) ou la Pâques (la mort et la résurrection du Christ), est un moment fondateur du christianisme. Un passage symbolique du nouveau à l’Ancien Testament. Le vieux Siméon, qui assiste à la scène, annonce déjà à Marie la crucifixion :

"une épée te transpercera le cœur"

Marie doit se préparer à un sacrifice d’une tout autre dimension. Dans nos contrées occidentales, dans de nombreuses fermes, on tue encore le cochon plusieurs fois l’an. Le samedi, parfois, les gamins curieux regardent leur papa dépecer les lapins, et à Pâques, justement, il ne viendrait à l’idée de personne de refuser un morceau du gigot de l’agneau qu’on a vu gambader quelques jours plus tôt, accompagné de quelques mogettes demi-sec, d’un peu de romarin et de laurier.

Pourtant, je dois reconnaître que quand Damien Boyer m’a proposé : "Pour la séquence nature, on va aller à la rencontre d’un boucher et on va parler de sacrifice" mes doigts se sont figés un instant au-dessus de mon clavier : "Oui… donc… tu veux dire qu’on va voir un boucher en train de trancher la gorge d’une vache ? Façon Franju dans "Le Sang des bêtes" ?

Et à ce moment précis, au moment exact où ces mots me venaient à l’esprit, je m’en suis immédiatement voulu. Ma propre hésitation m’a gênée, embarrassé. C’en est donc fini de moi ? Ai-je pensé. Était-il possible que je sois devenu végétarien sans m’en rendre compte ?

Pour nous autres, citadins, les bêtes que l’on tue, les gorges animales tranchés, les rigoles de sang, ce sont les images de L214 sur BFM, ou, au mieux, le bœuf écorché de Rembrandt, Bacon ou Soutine accroché au musée D’orsay.

Et dans ma vraie vie, le vrai bœuf ne gambade pas. Il est en barquette au supermarché, servi en tenue immaculé et charlotte sur la tête. Et on en trouve éventuellement quelques traces au restaurant italien, dans les lasagnes à la bolognaise (quand ce n’est pas – Ô la honte – du cheval).

Il faut dire que j’ai des circonstances atténuantes. Le député de ma circonscription s’appelle Aymeric Caron. Il a écrit un livre au titre qui ne laisse planer aucun doute : Antispeciste (Don Quichotte, 2016) ; et dans mon quartier, on compte davantage de chiens éduqués Montessori que de vaches dans des pâturages. Côté boucherie, en dehors des hallals du boulevard – qu’elles soit ici remerciés – tout est fait pour que, à la moindre image mentale de viande saignante, je me sente coupable.

Mais je résiste et je me soigne (dans tous les sens du terme). Bien que je ne sois ni anti-fenouil ni cancel-the-lentille, une bonne côte de bœuf me réjouis toujours autant. Et je peux vous l’avouer maintenant : j’ai déjà tué un mouton. Je n’en ai retiré aucun sentiment de culpabilité et j’en ai même mangé un morceau. C’est dit : l’amour est vache. Il est carnivore. Quand cet amour dérape, c’est Trouble Every Day de Claire Denis, La Grande Bouffe de Marco Ferreri ou Grave de Julia Ducournau.

Mais personnellement, je vous recommande plutôt Les Survivants, de Frank Marshall (1993), un film poignant où l’on y partage avec gravité des corps, morts. Dans la BO, Aaron Neville y chante l’un des plus bel Ave Maria de Schubert qui soit.

Avant Pâques, dans l’attente du plus grand des sacrifices, on fait carême. Ce rappel à du bon. Mais ne perdons pas de vu qu’avant et après la croix, Jésus partage un repas. Revenu d’entre les morts, comme le fils prodigue est revenu des plaisirs charnels et a retrouvé la maison du père, Il nous invite dans sa parabole à tuer le veau gras et à nous réjouir.

Retrouvez sur le replay de Présence Protestante, l’émission Ma Foi – Sacrifice. Sur le plateau, David Sautel reçoit Pascal Gonzalez, pasteur en région toulousaine, et en pleine nature, Damien Boyer a rendez-vous avec Luc Tabailloux, boucher dans le Dauphiné.

Une émission réalisée par Damien Boyer

Christophe Zimmerlin pour Présence Protestante

Pour revoir Ma foi… France.tv 

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