"La religion c’est à la maison" : manifestation contre l'inauguration d'une crèche de Noël à la mairie de Béziers
Une manifestation, organisée par la Ligue des Droits de l'Homme et plusieurs collectifs, pour protester contre l’installation d’une crèche de Noël dans la mairie de Béziers au nom de la laïcité, s'est tenue le 29 novembre. Sur les réseaux sociaux, beaucoup soutiennent l'initiative du maire et souhaitent préserver les "traditions" chrétiennes dans la ville.
"La religion c’est à la maison", "le maire bafoue la loi" ou encore "en prison" sont autant de slogans qui ont été prononcés lors d’une manifestation contre l'installation de la crèche de Noël dans la mairie de Béziers, le 29 novembre. Des dizaines de protestataires étaient réunies par la Ligue des Droits de l'Homme, les syndicats CGT, FSU, Solidaires, UNSA Hérault et le collectif de lutte contre l'extrême droite Sète/Basin de Thau, rapporte le média France 3 régions.
Le président de la Ligue des droits de l’Homme de Béziers, Jean-Paul Palmade, a déclaré au micro de BFMTV que la place des crèches se trouve "dans des lieux religieux" et non pas dans les édifices publics, dont les mairies.
"Nous ne souhaitons pas que les crèches soient installées dans les édifices publics, que ce soit les mairies ou d'autres symboles de la République. Elles doivent être installées dans des lieux religieux."
La manifestation s'est tenue au même moment que l'inauguration de cette crèche par le maire, Robert Ménard, devant plusieurs centaines de riverains rassemblés. Derrière un cordon policier, les manifestants étaient également présents avec des banderoles et des sifflets.
Chaque année, des milliers de visiteurs se pressent autour de la crèche, parmi lesquels "des personnes de toutes confessions", souligne le maire. Selon lui, même ceux qui ne se réclament pas de la foi chrétienne viennent par attachement aux traditions ou pour expliquer à leurs enfants l’origine de Noël, qu’ils y adhèrent ou non.
Dans des vidéos ayant accumulé des milliers de vues sur les réseaux sociaux, une grande partie des internautes a exprimé son soutien au maire et a défendu le maintien de "la culture française" durant les fêtes de Noël. D’autres, au contraire, appellent la municipalité à retirer la crèche au nom du respect de la laïcité.
Cultuel ou culturel ?
Au nom du principe de laïcité et de la loi du 9 décembre 1905, qui établit la neutralité religieuse de l’État, les bâtiments publics, dont les mairies, ne peuvent afficher de symboles exprimant la reconnaissance d’un culte ou la mise en avant d’une religion.
Pourtant, dans le cas particulier des crèches de Noël dans les mairies, il existe des circonstances particulières qui reconnaissent à cette décoration "un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d'un culte ou marquer une préférence religieuse", rapporte le Conseil d'État.
L’argument culturel de la crèche de Béziers n’a pas été retenu par le Conseil. En 2017, le maire a été contraint de la déplacer sur ordre du tribunal administratif de Montpellier, saisi par la Ligue des droits de l’homme. La juridiction a jugé que "cette installation dans l’enceinte d’un bâtiment public méconnaissait les dispositions de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 ainsi que les exigences liées au principe de neutralité des personnes publiques".
Plus récemment, le Conseil a fait annuler la décision du maire d’installer la crèche et a demandé à la commune de verser la somme de 1 500 euros à l’association de la Ligue des droits de l’homme, en 2023. Il a été déclaré qu’"aucune circonstance particulière ne permet de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif".
L’association de la Libre pensée a annoncé déposer un recours prochainement. "Comme chaque année, c’est jugé après, quand la crèche ne sera plus là. Mais ça montre que Robert Ménard agit en toute illégalité", explique Christophe Benoît, responsable de l'association à Bézier.
Mélanie Boukorras