Marche contre la persécution des minorités religieuses et tribales au Bangladesh

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Bien moins connu que le Pakistan, le Bangladesh fut la partie orientale du dominion avant de faire sécession en 1971. La situation des minorités dans l’ancien Pakistan oriental fait moins parler d’elle que celle sous l’autorité d’Islamabad, mais elle reste préoccupante. Le 7 janvier dernier, chrétiens, hindous et bouddhistes ont achevé une marche unitaire pour demander au gouvernement une meilleure protection face à la persécution et aux discriminations.

Ce ne sont pas moins de 33 associations qui ont défilé les 6 et 7 janvier pour demander le respect et la protection des différentes communautés non musulmanes alors que l’islam est la religion de 89 % des Bangladais. La marche a été organisée par le Bangladesh Hindu Buddhist Christian Unity Council Oikya Parishad (BHBCUC) et le Front uni des minorités ethniques et religieuses au sein duquel 32 minorités se sont regroupées.

Les participants ont convergé de tout le pays vers Dacca, la capitale, en reprenant des slogans tels que « La religion appartient à tous ! », « L’État appartient à tous ! » ou « Formez une commission des minorités ! » Leurs représentants ont remis leurs doléances au bureau du Premier ministre, Sheikh Hasina.

Les organisateurs ont tenu à se montrer une nouvelle fois, un an avant les élections générales prévues en janvier 2024, après avoir manifesté à plusieurs reprises l’an dernier. Rana Dasgupta, secrétaire général du BHBCUC, a souligné que, depuis le début de l’année dernière, les minorités renvoient le gouvernement à sept promesses électorales faites avant les élections législatives de 2018 et qui n’ont pas été tenues.

La ligue Awami, au pouvoir, avait notamment promis une loi sur la protection des minorités, la création d’une Commission nationale des minorités ainsi qu’une loi contre la discrimination. Parmi les autres demandes contenues dans le mémorandum, l’application d’une loi de 2001 qui doit permettre la restitution des biens confisqués aux minorités en vertu de l’Enemy Property Act datant de l’époque où le Bangladesh était pakistanais. Cette loi, qui vise principalement les hindous, avait été adoptée en 1965 durant la deuxième guerre indo-pakistanaise.

Plus grande minorité, les hindous sont les principales victimes

Selon la Bangladesh National Hindu Grand Alliance, les violences contre les non-musulmans ont fait 154 morts et 360 blessés en 2022 ; 39 femmes et filles ont été violées, dont 27 par des groupes d’hommes. 791 membres des minorités ont été arrêtés pour blasphème, de fausses accusations selon l’organisation hindoue.

Devant les chrétiens et les bouddhistes, la première minorité non musulmane est la communauté hindoue qui représente 10 % de la population et constitue la principale cible des attaques. Entre les 13 octobre et 1er novembre 2021, une vague de violence s’était abattue sur les hindous après la publication sur Facebook d’une photo montrant une copie du Coran sur les genoux d’un dieu hindou dans un temple : neuf personnes avaient été tuées - dont quatre battues à mort -, 117 temples et pavillons avaient été attaqués, 301 logements et entreprises avaient été vandalisés à travers le pays.

Le gouvernement craint que reconnaître des droits aux minorités ne lui soit préjudiciable dans les urnes, selon le père Anthony Sen, président de la Commission justice et paix du diocèse catholique de Dinajpur qui déclare :

« L’Église catholique doit également jouer un rôle important pour assurer la sécurité et la justice des minorités, et pour cela, nous avons besoin de la direction et de l’autorité de nos principaux dirigeants. »

Si le pouvoir politique ne s’empresse pas de garantir la protection des droits des minorités, la Cour suprême a confirmé en 2021 la condamnation à mort de Salauddhin Salehin, un islamiste qui avait assassiné en 2004 un chrétien auparavant musulman.

Jean Sarpédon


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