Migrants expulsés par les États-Unis : les Églises d’Amérique centrale, dernier refuge face à la détresse

Migrants expulsés par les États-Unis  les Églises d’Amérique centrale, dernier refuge face à la détresse

Face à l’expulsion massive de migrants par les États-Unis, de nombreuses personnes venues d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine se retrouvent abandonnées en Amérique centrale, sans ressources ni perspectives d’avenir. Dans ce désert humanitaire, des Églises chrétiennes se mobilisent pour accueillir, soigner et protéger les plus vulnérables, souvent incapables de rentrer dans leur pays d’origine en raison de persécutions.

Depuis l’annonce de l’administration Trump visant à expulser un million de sans-papiers par an, l’Amérique centrale est devenue une terre d’exil forcé pour des milliers d’étrangers. Ces migrants, souvent en fuite devant des persécutions religieuses ou politiques, arrivent dans des pays peu préparés à les accueillir.

Face à l’abandon des autorités, les Églises – catholiques et protestantes – s’engagent concrètement, rapporte le site Protestinfo. Gymnases réaménagés, repas communautaires, premiers soins, écoute psychologique : tout est mis en œuvre pour leur offrir un minimum de dignité. "Ils sont seuls, traumatisés, et souvent en grand danger", souligne le pasteur Gustavo Gumbs, actif au sein de la Fondation chrétienne d’aide aux migrants.

Il alerte notamment sur la situation de dizaines de migrants éthiopiens, érythréens, pakistanais ou iraniens arrivés à Panama City. Certains, comme une dizaine d’Iraniens convertis au christianisme, risquent de lourdes représailles s’ils sont renvoyés dans leur pays d’origine. Faute de solution pérenne, ils sont souvent transférés vers des refuges précaires, parfois isolés en pleine jungle.

L’archidiocèse de Panama, via le réseau catholique Clamor, travaille en collaboration avec l’ONU pour trouver des issues diplomatiques durables. Mais les pays d’accueil potentiels se font rares, et les négociations restent lentes.

Derrière chaque visage, un parcours éprouvant et une foi mise à rude épreuve. "Je suis passé par le Pakistan, l’Iran, le Brésil, avant d’arriver en Californie. On ne m’a posé aucune question, juste expulsé", raconte un informaticien afghan. Grâce aux applications mobiles, il a appris l’espagnol pour survivre sur les routes d’exil.

Le Honduras est également concerné. L’accord passé avec les États-Unis prévoit le renvoi de migrants vénézuéliens vers Caracas via Tegucigalpa. L’Église mennonite locale, par l’intermédiaire de la Commission d’action sociale mennonite (CASM), tente de pallier les manques : nourriture, soins médicaux et hébergement sont proposés selon les ressources disponibles.

Malgré les moyens limités et une insécurité grandissante, les Églises maintiennent une présence fidèle. "Un sans-papiers gagnait plus en une semaine aux États-Unis qu’en un mois au Honduras. Pourtant, la plupart gardent foi en Jésus-Christ. Ils reconnaissent, dans notre aide, un signe de la Providence", confie Cesar Ramos du CASM.

Germain Gratien

Crédit image : Shutterstock / Jose Mario Espinoza / Panama City

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