Un nouveau genre de spectacle se joue au Kennedy Center, prestigieuse institution culturelle de Washington. Au programme, une série de conférences politique où un nom revient régulièrement dans les discours et les prières : celui de Donald Trump.
"Que Dieu le bénisse." Les paumes tournées vers le ciel, des dizaines de personnes vêtues de tailleurs et de costumes-cravates prient pour le président américain.
Le thème du jour : un "sommet pour mettre fin à la persécution des chrétiens" organisé par la Conférence d'action politique conservatrice, la CPAC, influente organisation qui regroupe diverses tendances de la droite américaine.
C’est une première pour le Kennedy Center, connu depuis son ouverture en 1971 pour sa programmation culturelle variée et sa neutralité politique.
Plusieurs membres du conseil d’administration ont été remplacés par des proches du président, parmi lesquels Usha Vance, épouse du vice-président, et Susie Wiles, cheffe de cabinet de la Maison-Blanche.
L’objectif affiché : contrer la "propagande antiaméricaine", s’opposer à la "culture woke" et promouvoir le "patriotisme" et la "grandeur" dans le domaine culturel.
Certains spectacles ont été retirés de la programmation, notamment les représentations liées à la diversité, les drag shows et les événements du mois des fiertés.
En réaction, plusieurs artistes et productions ont annulé leur venue, dont la comédie musicale Hamilton. Son producteur, Jeffrey Seller, a évoqué "des décennies de neutralité réduites en miettes" par ce qu’il considère être une "purge du personnel".
Peau neuve
Sur scène, à côté d'un grand drapeau américain surmonté d’un aigle doré, une membre du gouvernement de Donald Trump, Jennifer Korn, ouvre la série de conférences en rendant hommage au président.
Elle salue la création, "avec la bonté de son cœur", d'une branche de la Maison Blanche dédiée à la foi, appelée "Bureau des affaires religieuses", dont elle fait partie.
Puis elle reprend la rhétorique présidentielle : des écoles "forcent les élèves à lire des livres sur les transgenres", et les "biais antichrétiens" ne cessent de se multiplier.
Ces prises de parole qui trouvent écho chez les trumpistes résonnent maintenant dans l'enceinte d'une institution qui s'était jusque-là évertuée à laisser les discours partisans hors de ses murs.
Selon Andrew Taylor, professeur d’arts à l’American University, l’institution devient "une organisation artistique gouvernementale, alignée sur le pouvoir en place".
Le nouveau dirigeant du Kennedy Center et proche du président, Richard Grenell, souhaite que l'hymne national soit chanté avant chaque concert, pour célébrer le 250e anniversaire du pays, en 2026.
Par ailleurs, Donald Trump a annoncé un vaste programme de rénovation du bâtiment, incluant le remplacement des sièges, des moquettes, des plafonds et des systèmes techniques.
Donald Trump rêve maintenant d'accoler son nom à l'établissement. "Le nouveau Trump Kennedy, oups, je veux dire Kennedy Center", a-t-il récemment lancé sur son réseau Truth Social.
Ironie ? Pas vraiment : une proposition de loi pour rebaptiser le Kennedy Center, du nom du président assassiné en 1962, en Trump Center a été soumise par un élu républicain.
Bien que cette initiative ait peu de chances d’aboutir, elle illustre la nouvelle orientation et l’influence croissante du président sur cette institution culturelle emblématique.
La Rédaction avec (AFP)